Tout droit jusqu'au matin …

Dans cet article, je ne parle pas en mon nom mais pour nous 5.

Déjà 5 mois que nous sommes partis. 5 mois sur 10. La moitié de notre voyage. Encore 5 mois à partager, plus que 5 mois à découvrir.

Le point de vue selon lequel nous envisageons les choses change notre état d’esprit créant parfois de la nostalgie, de l’angoisse, de l’excitation ou de la joie. C’est notre capacité à appréhender le temps qui passe et celui qui reste qui nous permet de vivre le moment présent pleinement. 

L’un des luxes de ce voyage est de ne plus savoir quel jour on est. Plus de semaine, plus de weekend, plus de vendredi soir heureux et de dimanche soir angoissé. Les repères se perdent et c’est bon ! Ces 5 mois n’ont pas été toujours faciles. Il y a des moments où on en a marre et on voudrait être chez nous avec nos proches, des moments où on perd un peu le sens du voyage, des moments de doute. Mais ce qui se dégage surtout c’est la joie. La joie d’être là, tous les cinq, et de vivre cette aventure unique ensemble. Quelle chance !

On pourrait dire que ce n’est pas de la chance car ce voyage n’est rien d’autre que l’aboutissement d’un long travail de réflexions, le résultat de discussions et de recherches. C’est vrai. Nous avons su saisir les occasions qui nous ont été offertes et convertir nos difficultés et déceptions en opportunités. C’est notre force. Autrement dit, nous avons fait en sorte que les étoiles s’alignent au bon endroit et au bon moment. Cependant, le mot « chance » fait aussi partie de notre aventure et pour des tas de raisons. 

Quelle chance d’être en excellente santé tous les 5 pour nous permettre de vivre sans limite !

Quelle chance de pouvoir se mouvoir sans contrainte d’un endroit à l’autre de la Terre quand certains attendent des jours, des semaines, des mois voire des années pour pouvoir aller reconstruire une vie en sécurité dans un autre Etat !

Quelle chance d’avoir les moyens financiers de pouvoir réaliser ce rêve !

Quelle chance de pouvoir admirer les merveilles de la Nature que nous savons en grand danger !

Quelle chance de pouvoir nous déplacer d’un continent à l’autre sans craindre un virus mortel !

Quelle chance d’avoir des proches qui nous soutiennent dans notre aventure et nous reboostent dans les moments de doute !

Quelle chance de nous aimer suffisamment tous les 5 pour partager le quotidien, parfois dans une grande promiscuité, sans nous entretuer ! 

Quelle chance de faire des rencontres incroyables avec des gens formidables !

Nous sommes pleinement conscients de cette chance et sommes emplis de gratitude pour ce cadeau qui nous est offert. 

Notre choix de ne pas partir en tant que simples touristes mais de nous engager dans des projets de volontariats donne clairement du sens à notre voyage. Cette façon de découvrir le monde est passionnante mais aussi parfois déconcertante. Les personnes que nous rencontrons ne partagent pas forcément nos valeurs, nos points de vue, nos convictions politiques, religieuses, philosophiques ou éducatives mais peu importe. L’essentiel est l’échange. Essayer de comprendre l’autre, élargir notre vision du monde. En ce sens, nous pensons avoir fait le bon choix.

Cependant, nous ne pouvons nous empêcher de nous questionner sur la forte contradiction entre nos valeurs et nos actes. Avec ce projet de voyage autour du monde, nous souhaitons soutenir les projets de bio-diversité mais nous prenons l’avion. Est-on bien en accord avec nos idées ? Mais alors, comment rencontrer l’Autre si l’on ne vient pas à lui ? Et est-on obligé de partir si loin pour découvrir cet Autre ? Ces culpabilisantes questions n’ont pas encore trouvé de réponse et je ne sais pas si elles en trouveront une un jour. 

Toujours est-il que nous sommes ici, en Nouvelle Zélande, aujourd’hui, après 5 mois intenses de voyage et que nous sommes impatients de découvrir ce que nous réservent les 5 prochains mois. Alors en route, tout droit jusqu’au prochain matin …