Tout droit jusqu'au matin …

Bryan is in the kitchen

 Mardi 28 janvier 2025

Dunsandel / Soleil / 28°

Réveil à 5h15 ce matin. Ça pique !! Saïmon a gentiment accepté de nous déposer à notre wwooofing suivant en allant travailler à Christchurch.  C’est vraiment cool car ça nous évite d’avoir à trouver un bus ou un train et de galérer avec nos gros sacs.  Mais, du coup, on doit s’adapter à ses horaires de boulot. Il doit être pour 9h à Christchurch et il y a 2h30 de route. Le calcul est vite fait. L’heure du départ est donc fixée à 6h15. Les enfants sont prévenus depuis deux jours et se lèvent vaillamment dès potron-minet.

Notre logement est tout propre de la veille. Nous n’avons plus qu’à nous habiller et mettre nos sacs dans la voiture. Nous déjeunerons en arrivant chez nos nouveaux hôtes. Mathilde m’a donné le pain que j’ai cuisiné hier. On a donc de quoi grignoter sur la route si besoin. Nos hôtes nous avaient demander de faire un test covid avant de venir pour s’assurer que nous n’étions pas porteurs du virus.  Autant vous dire qu’aucun de nous cinq n’était enchanté à l’idée de se remettre un coton-tige au fond du nez mais on l’a fait par respect pour la santé de nos hôtes. Tout est ok. On peut donc y aller tranquillement. 

Nous arrivons à Dunsandel comme prévu à 8h. Malheureusement c’est un peu tôt pour nos hôtes, Libby et Bryan, un couple de 80 et 75 ans. J’avais pourtant prévenu Libby depuis très longtemps et elle m’avait dit que cela ne posait aucun problème. Mais, en arrivant, nous voyons bien que le moment est peu propice à une arrivée conviviale. Tandis que nous disons chaleureusement au revoir et merci à Saïmon, Libby vient nous accueillir en chaussons et la permanente en vrac. Bryan, lui, ne vient carrément pas et reste dans son lit. Nous apprendrons plus tard qu’il vient de rentrer d’une chirurgie et qu’il a donc besoin de repos. Libby nous indique rapidement où se trouvent nos chambres, la salle de bain et la cuisine puis repart se coucher. Ok. On se regarde tous les 5 un peu interloqués et on finit par aller prendre le petit déjeuner avec notre pain et un peu de confiture. Puis on attend… on attend…on attend. 

Cette première matinée est très étrange. Nous ne voyons pas nos hôtes avant 11h et restons donc comme des ronds de flans à vadrouiller entre salon et chambre sans trop savoir quoi faire. Heureusement qu’on a réussi à trouver le code wifi. A 11h, Bryan sort de sa chambre et vient nous saluer… puis repart aussitôt. Ok. Regards hagards. Quid? Qu’en est-il de nous, pauvres wwoofeurs désoeuvrés?  Pour le moment, c’est le vide sidéral. Aucune communication n’est possible avec nos hôtes qui vivent leurs vies sans se soucier de notre présence. Précisons d’ailleurs que ce wwoofing n’en est pas un. Il s’agit en fait d’un HelpX, un autre dispositif d’échange. Le HelpX, abréviation de « Help Exchange », est une plateforme en ligne qui met en relation des voyageurs avec des hôtes partout dans le monde pour échanger du travail contre l’hébergement et parfois les repas. Ca ressemble fort à du wwoofing à la différence que les hôtes de wwoofing sont quasiment tous des propriétaires de fermes écologiques ou avec des projets de développement durable, de potager bio … Le HelpX ne se préoccupe pas spécialement d’écologie et regroupe des hôtes divers proposant des services très divers tels que la cuisine, l’éducation, le ménage, la garde d’animaux domestiques… Ce n’est donc pas tout à fait le même concept. Nous l’apprendrons plus tard à nos dépens.

A midi, ça bouge enfin! Libby nous demande de lui filer un coup de main pour installer la voiture en 7 places et nous invitent à y monter pour une virée à Christchurch. Départ vers 13h. Chouette ! Elle doit passer au magasin de piscine pour faire tester leur eau et nous comprenons que nous ferons une petite balade dans la ville ensuite. Mais que nenni ! Après 40 minutes de route, nous arrivons au magasin de piscine, Libby descend, dépose son échantillon, récupère des papiers, remonte en voiture et … on rentre à la maison !!! Regards interloqués ! Pourquoi nous entasser dans la voiture pour faire un aller-retour sur la voie rapide ? On n’y comprend rien. 

Sur la route du retour, on s’arrête à un supermarché pour faire quelques courses. Ici encore, incompréhension. Nous avions convenu par téléphone avec Libby que nous contribuerions au repas des deux plus jeunes car ça faisait beaucoup de bouches à nourrir. Pas de souci. Je lui demande donc comment on s’organise. Elle me propose de payer une partie des courses. Libby reste dans la voiture. C’est Bryan qui se colle aux courses. Je vais donc parler de cela à Bryan mais il n’a pas l’air de comprendre. Bon, il faut prendre une décision. Du coup, on décide d’acheter quelques provisions pour le matin et pour quelques repas. On verra bien dans les jours qui viennent ce qu’il en est. Vraiment ce début de wwoofing est très déconcertant.

En rentrant chez nos hôtes, vers 15h,  nous comprenons que nous avons tous été embarqués dans la voiture car ils ne souhaitaient probablement pas nous laisser seuls à la maison alors qu’ils ne nous connaissaient pas. Ouaich ! Bonjour la confiance. Ça commence bien. Bon, en même temps, ce sont des personnes âgées qui ont leurs habitudes. Ne soyons pas trop durs et comme le dit Simon « Laissons sa chance au produit ».

Nous attendons maintenant avec impatience ce temps de repas en commun où nous allons enfin pouvoir nous poser tous ensemble et discuter de l’organisation de ces 15 jours. Pfffff, penses-tu! Quand je demande si on met la table, Libby me répond qu’on fait comme on veut pour le repas du midi. Même pas le temps de les questionner que nos hôtes sont déjà repartis regarder la télé dans leur chambre. Regards dépités ! Nous nous installons donc sur la table de jardin et mangeons tous les 5. 

Aujourd’hui, d’après les quelques malheureuses phrases que nous avons réussi à échanger, nous avons compris que nous n’aurions pas de travail. Bon, ok ,alors on en profite pour vaquer à nos occupations : blog, lecture, CNED ,espagnol, freesbee,…

Vers 17h30, Libby insiste lourdement pour que les enfants aillent se baigner dans la piscine chauffée. L’eau est un peu verdâtre et ne donne pas du tout envie mais Samuel et Nino se dévouent bravement, comprenant qu’il s’agit là d’une question de respect de nos hôtes et peut-être d’une brèche pour accéder à un semblant de partage. Merci les gars ! Finalement, ils s’amusent bien avec le bouton de nage à contre courant. Simon, lui, a chaussé ses baskets et est parti courir. 

A son retour, il est l’heure de manger. Les enfants mettent la table à l’extérieur et Libby amène les plats qu’elle a préparé et congelé plusieurs jours auparavant en prévision de notre venue. Cette fin de journée est encore plus bizarre que le début. Contre tout attente, nos hôtes commencent à papoter. On découvre une Libby heureuse de voir les enfants déguster ses plats (c’est vrai qu’on se régale) et un Bryan affable dès qu’il s’agit de parler des dates d’anniversaire des personnages célèbres. Il fera d’ailleurs aussitôt le parallèle entre Adam et Hitler et Nino et Mussolini. Wahou ! Y’a du lourd ! Les autres membres de la famille s’en sortent mieux. Pas d’autre dictateur en vue. Le repas est vraiment très sympa. On n’en apprend pas plus sur nos tâches à venir mais on espère que la journée de demain nous apportera quelques éclaircissements. Il est 20h30. Libby et Bryan nous souhaitent bonne nuit car ils sont fatigués. Avant d’aller nous coucher, je cuis le pain préparé dans l’après-midi. Pas trop mal pour une première à l’étranger. 

Ce début de wwooofing est quand même très étrange. On espère que la communication avec nos hôtes va s’améliorer. Point positif : le chat Wilson est roux et il louche (double peine, le pauvre😂) mais il est super câlin. Et ça, ça fait du bien !  Après le choupinours Billy, le chaton de Mathilde et Saïmon, on est contents de pouvoir caresser un chatounet. Pour clôturer la journée, on fait une petite partie de Séquence. On voulait proposer une partie à nos hôtes mais c’est râpé pour ce soir. Nous entendrons  pourtant la télé de leur chambre jusque tard dans la nuit et, cerise sur le gâteau, ils laissent leur porte bien grande ouverte nous faisant profiter du fond sonore de leurs émissions. Heureusement que les chambres sont confortables. Nous sommes au moins certains de bien dormir.

 

Mercredi 29 janvier 2025

Dunsandel / Soleil voilé/ 27°

Coucou Mamou ! Il est 8 heure du matin (20h en France la veille) et il est l’heure du cours d’histoire pour Samuel. Le mignon petit gars s’est levé à 7h, a pris sa douche et son petit dej et est maintenant sur le pied de guerre pour le CNED. C’est beau !! A 8h15, Libby passe sa tête dans la cuisine mais pas le temps de discuter car elle doit partir à une réunion. Bon, du coup, on ne sait toujours pas ce qu’on doit faire ce matin. On se concentre donc sur le CNED et je fais un peu de couture aussi. Je recouds mes baskets qui commencent à être dans un piteux état. 

Vers 10h30, Bryan vient prendre son petit déjeuner (qu’il repart manger dans sa chambre) puis sollicite notre aide pour refaire le plein de gasoil dans sa tondeuse. Et, devant l’insistance de Simon sur les tâches à réaliser, il finit par lui montrer un tas de branches à trier et à ranger. Ouf, enfin un peu de travail ! Ils n’ont pas pris la peine de nous faire faire le tour de la propriété et de nous montrer où se trouvent les outils. On est donc un peu perdus mais on s’adapte. On cherche et on trouve.

On commence à wwoofer vers 11h mais à 12h le boulot est déjà terminé. Libby n’est toujours pas rentrée. On essaie de voir avec Bryan s’il souhaite manger avec nous. Il nous explique qu’ils ne mangeront jamais avec nous le midi et qu’on doit se débrouiller. Par contre, on mangera avec eux le soir. Nouvelle déconvenue pour nous qui souhaitions partager le plus possible avec nos hôtes. Je commence à me poser des questions sur l’intérêt de ce wwoofing. La soirée d’hier a été très sympa mais cette matinée est bien décevante. 

Lorsque Libby rentre, nous la pressons pour avoir du boulot. Elle nous donne un peu de désherbage qu’on termine en une heure. Un peu dépités par cette seconde journée, Simon et moi décidons d’aller courir.  Simon a fait un super chrono hier mais c’est la reprise pour moi. C’est donc à une allure de tortue unijambiste que nous parcourons les 6,5 km autour de la maison. Ca nous donne l’occasion de discuter tous les deux de ce début de drôle de wwoofing. Qu’est-ce qu’on fait? On reste ou pas? Je me vois déjà, comme au Vietnam, partir avant la fin et je sens monter le stress de toute la nouvelle organisation à imaginer. Simon, en sage, me dit qu’on va prendre dans ce wwoofing tout ce qu’on peut et profiter des bonnes conditions d’installation pour avancer sur nos projets et nous reposer. Bon, ok, tu as raison, ouf. Le stress redescend d’un coup. 

Le repas du soir est à nouveau délicieux (Libby est une excellente cuisinière) et surprenant. Nous passons une chouette soirée à papoter avec nos hôtes . Nous devons déployer toutes nos stratégies de communication réunies pour les faire parler mais nos efforts semblent porter leurs fruits. Nino utilise son humour, Simon sa curiosité, Samuel son mignon minois, Adam son appétit féroce et moi mon enthousiasme. Nos hôtes se détendent un peu mais on ne peut pas dire qu’ils soient très prolixes. Nous leur arrachons leurs réponses mot après mot. Libby a un humour pince sans rire qui plairait beaucoup à ma sœur. Elle peut être très drôle quand elle veut et crée une jolie complicité avec Nino. Par contre, elle harcèle Samuel pour qu’il mange des légumes. Le pauvre chou a envie de lui balancer ses légumes à la figure mais il se contient par pure politesse. 

Comme hier, nos hôtes partent se coucher très tôt en nous laissant la vaisselle sur les bras. « Moi je fais la cuisine mais pas la vaisselle » nous dit Libby avant d’aller dans sa chambre. Ok. Regards blasés. Leur maison est très agréable mais dans un état de grand désordre. Ils possèdent tous les ustensiles possibles en 3 ou 4 exemplaires et ont des réserves de provisions pour tenir un siège de plusieurs semaines. Le sol est assez sale et le plan de travail recouvert de tout et de rien. Ca donne envie de faire un grand rangement pour pouvoir profiter au maximum des capacités de la maison. On sent que c’est le cocon de gens qui ont bien vécu avec des tableaux accrochés dans chaque pièce, des bibelots sur les étagères, des cadres photos partout et des centaines de tupperwares. C’est une toute vie entre 4 murs. 

Dans notre chambre, il y a une poupée et une sorte de clown/Pierrot en porcelaine qui donnent un côté vraiment glauque à l’ambiance de la chambre.  Je le fais remarquer à Simon qui ne voit pas le problème. QUOIIIII ???? Une POUPEE et un CLOWN !!!!! Non, toujours aucune réaction de sa part. Bon, peu importe s’il commence à douter de ma santé mentale, je décide de les cacher sous une couverture. Pourvu qu’aucun des deux ne sorte de couteau pendant la nuit quand j’irai faire pipi !! Peut-être ai-je trop regardé de films d’horreur étant petite ??

 

 

Jeudi 30 Janvier 2025

Dunsandel / Soleil / 28°

La nuit a été excellente malgré les CHOSES cachées sous la couverture . 

Ce matin, RAS . Nous ne voyons pas la tête de nos hôtes avant 11h. C’est donc un peu la glandouille. CNED évidemment pour les plus jeunes, couture pour moi, lecture pour Nino, scrollage pour Simon.  On finit quand même par soutirer quelques infos à Libby en lui sautant dessus dès qu’on l’aperçoit. On a le droit de désherber. Géniaaaaaal ! C’est parti pour trois quart d’heure de boulot avant le repas du midi que nous ne prenons que tous les 5 une fois de plus. 

Après le repas, Samuel et moi faisons des gâteaux et Simon part faire une sieste. Il s’endort à peine la tête posée sur son oreiller. Vers 16h, on se remet en route sur le désherbage mais on finit vite et on se retrouve au chômage technique avec Nino. Simon insiste un peu auprès de Bryan qui finit par lui confier la tâche de débroussailler les contours des parterres. En allant à la pêche aux infos, je trouve Libby en train d’essayer de charger des branches de sapin coupées dans sa remorque. Je lui propose notre aide et elle accepte. Merciii ! A l’aide de son tracteur, nous emmenons toutes les branches de sapin sur un tas à brûler au fond du jardin. La conduite du tracteur me réjouit. D’une part car j’ai du boulot qui me permet de me promener les cheveux au vent dans la jolie propriété et  d’autre part car cela me fait penser au tracteur de mes parents, Papou et Mamou, qui auraient bien besoin d’aide aussi dans leur jardin de Bourdon. On leur filera un bon coup de main dès notre retour. Promis !

      

Ma « balade » en tracteur me permet de découvrir l’oliveraie dont nos hôtes nous ont parlé à notre arrivée. C’est un endroit très beau et très apaisant. Dommage que ce ne soit pas la saison des olives, j’aurais adoré voir le processus de ramassage et de pressage pour en faire de l’huile.  Simon, quant à lui, a trouvé un autre job : Bryan lui a donné la tâche de couper les repousses des noisetiers dans l’immense noiseraie. Chacun a donc enfin du boulot pour la journée et nous travaillons de bon cœur jusqu’à 18h30. 

              L’oliveraie

                    La noiseraie

Adam et Sam ont bien bossé et ont bien joué aussi. Nous avons toujours régulièrement des discussions autour de la consommation des écrans. Nos différences de point de vue sont flagrantes. Adam me qualifie de « vieille boomeuse » :  « Tu critiques les jeux vidéo alors que tu n’y connais rien. Tu ne peux donc pas en connaître les bienfaits. Et arrête de faire des généralités en disant qu’il a été prouvé que les jeux vidéos perturbent la capacité d’attention des ados car 1/ tu ne sais pas de quel jeu on parle, 2/ tu ne sais pas qui sont les ados en question, 3/ tu n’as aucune idée du temps passé par les ados concernés devant leur écran et 4/ on peut faire dire tout et n’importe quoi aux études scientifiques et d’ailleurs, si tu veux, je te sors une étude sur « en quoi regarder des plantes peut rendre agressif ».  Me voilà rhabillée pour l’hiver avec mon manteau de vieille boomeuse ! Ah, comme il est loin le doux temps des mignons bébés, des hochets et des layettes miniatures ! 😅 En même temps, force est de constater qu’il n’a pas tort. Sauf peut être pour l’étude sur les plantes et l’agressivité, encore que … J’ai effectivement tendance à ne voir que le mauvais côté des écrans. Peut-être faudrait-il que je change un peu d’angle d’approche.

Le repas du soir est prêt. Libby a préparé du riz et un plat thaïlandais composé de bœuf, de nouilles et de légumes assaisonnés avec du citron, de la ciboule et du gingembre. Un régal ! Samuel qui ne met toujours aucun légume dans son assiette se fait reprendre par Libby sur le ton de l’humour mais on sent qu’il est vraiment mal à l’aise. C’est à ce moment que Libby nous annonce, contre toute attente, qu’on va faire une excursion demain à Akaroa, la pointe au sud de Christchurch. Ah bon? Ok ! Cool. On voulait justement aller visiter ce coin. Espérons quand même que nous ne resterons pas dans la voiture cette fois ! 

Fin de journée tranquille. Tout le monde est en cuisine avec préparation de meringues, de pain, de cookies et du repas du soir. Les cookies de Samuel sont succulents. Et où est Bryan pendant ce temps? Bryan is in the kitchen too (petite blague spéciale personnes âgées de 40 ans et plus) pour préparer  un bon pudding, 

Allez hop! Au dodo! 

 

Vendredi 31 janvier 2025

Dunsandel / Soleil/ 29°

Après un peu de CNED et de jardinage, il est déjà 10h, l’heure de prendre la route pour Akaroa. Je prépare le panier de pique-nique avec Libby. On embarque du pain, du beurre, du fromage, de la salade, les meringues de Nino et mon gâteau au yaourt. Ça devrait suffire. 😜

Arakoa c’est loin ! C’est à 1h45 de route. En voiture, comme d’habitude, nos hôtes ne sont pas très causants malgré nos efforts dantesques pour créer du lien. Bon, tant pis. Chacun vaque à ses occupations sur son téléphone jusqu’à l’approche du village. Il s’agit apparemment d’un village dit « français » car il a été le lieu d’une velléité de colonisation française lors de l’arrivée de Jean Langlois en 1838. Le temps que ce dernier fasse un aller-retour NZ / France pour obtenir l’accord du gouvernement français de l’époque, il revient en 1840, tout juste après la signature du traité de Waitangi avec les Anglais. Trop tard!!! Plus de colonisation française possible. Dommage, c’était mignon tout plein. De cette velléité donc ne restera que quelques noms de rues et quelques enseignes de magasins aux couleurs de la France. 

Le village fait face a une grande baie magnifique entourée d’immenses monts (plus hautes que des collines mais pas tout à fait des montagnes). C’est très beau et très tranquille. Nous trouvons rapidement une table de pique-nique et nous installons malgré un vent frais qui traverse nos petites laines.

Nous faisons une petite balade digestive après le repas et déjà nos hôtes pensent à rentrer. Ah non! Pas question d’avoir joué les sardines boîte dans la voiture pendant près de deux heures pour repartir après 45 minutes de visite. Malins, nous les invitons à prendre un petit café en terrasse permettant à la fois aux enfants de jouer près de la plage et nous permettant de profiter de la beauté du bord de mer. Après le café, nous arrivons encore à retarder l’échéance du départ en leur disant que nous voulons aller jusqu’au phare à pieds (environ 10 à 15 minutes de marche). Ils acquiescent mais nous suivent en voiture. Le phare est très beau et donne un magnifique point de vue sur la baie. De retour à la voiture, nous n’avons plus d’argument suffisamment convaincants dans notre escarcelle. Il faut donc s’entasser de nouveau dans la voiture pour faire le chemin inverse. Bon, nous avons quand même découvert un coin super joli et réussi à soutirer quelques phrases et sourires à nos hôtes. C’est déjà pas mal. Le défi de les faire parler va probablement se transformer en challenge quotidien.

   

    

En rentrant, Simon a besoin d’activité physique et il part tailler les noisetiers avec Nino. Je poursuis mon apprentissage de l’espagnol. Quelle langue sournoise ! Elle ressemble au français car elle possède quelques mots en commun mais la grande majorité est différente avec en plus de faux amis !!!! Et la conjugaison !!! Il faut réapprendre toutes les déclinaisons de toutes les personnes de tous les temps et aussi les exceptions des exceptions des verbes irréguliers mais pas toujours. La seule consolation est qu’il n’y a qu’un seul auxiliaire au passé composé. Ça va être compliqué de parler correctement dans un mois! !!! 

Ce soir Libby nous confectionne une fois de plus un repas délicieux et nous nous régalons aussi avec le pudding de Bryan. Simon et moi ne pouvons pas nous empêcher de rire de la blague « Bryan is in the kitchen ». C’est pas sympa mais tellement drôle. Les enfants nous regardent de travers sans comprendre, ce qui nous donne encore plus envie de rire.

Bon, force est de constater qu’après 4 jours ensemble, nous avons toujours bien du mal à communiquer avec nos hôtes mais nous avons le temps de les observer. Ils sont émouvants tous les deux. Ils font attention l’un à l’autre, se tiennent par la main. Elle l’aide à enfiler son pull, il l’aide à se relever. Ils ont des regards complices et se font des blagues entre eux. Elle souffle quand il la contredit. Il la taquine sur sa boulimie de meringues. Ils ont chacun leur petites habitudes mais il en est une qu’ils partagent largement : celle de la boisson. Une petite bière par-ci et une petite coupette par-là. Peu importe l’heure ou le lieu. Une bière à 11h et une sur le tracteur. Une coupe de sauvignon au goûter et du mousseux avant d’aller se coucher. Trop chou mais probablement pas si loin d’un comportement à risque! Mais que risque-t-on à 80 ans??

 

Samedi 1er février 2025

Dunsandel / Soleil /30°

Nous nous rendons compte que nous avons beaucoup de chance avec la météo. Avant notre arrivée, Libby et Brian nous disent qu’il faisait gris et pluvieux presque tous les jours. Depuis que nous sommes là, il fait beau. On en profite au max car les infos météo qui nous arrivent de Picardie sont bien moroses. Nos copains picards, pourtant habitués à un temps grisâtre, sont au plus bas de leur forme et manquent cruellement de vitamine D. Certains me confient être « au bout du rouleau ». Comme on les comprend. Avoir du soleil tous les jours est une vraie chance. Je comprends et j’envie les « gens du Sud » sur ce point. Je pense à ma copine Céline qui a choisi de partir à Cannes il y a des années, notamment pour profiter de la météo clémente et qui ne regrette pas son choix. 

Ce matin, on commence à comprendre le rythme de nos hôtes. On s’est fait une raison. On sait qu’on ne les verra probablement pas avant 11h. On organise donc notre matinée comme bon nous semble entre CNED, course à pieds et wwoofing. 

Nous avons du travail maintenant et passons une heure et demi à tailler les noisetiers. La noiseraie est un lieu très paisible. Il y a plus de 300 noisetiers qui attendent qu’on les taille. On a donc du boulot pour un moment. C’est aussi un temps privilégié passé avec Nino. Nous parlons de tout et de rien, du dernier manga à ne pas rater, de l’humour noir de certains instagrameurs, de son avenir aussi. Nous en profitons aussi pour écouter ensemble de la musique et échanger sur nos préférences. J’aime cette complicité avec mon grand garçon. C’est un « enfant » extraordinaire qui mérite de faire de sa vie une bibliothèque bien remplie. Il est drôle, intelligent, vif, généreux, serviable. Dommage qu’il ait un téléphone greffé à la main. On ne peut pas être parfait! N’est-ce pas mon chou ? 

C’est finalement lorsque nous nous attablons vers 12h30 que nos hôtes sortent de leur chambre !!! Mais que font-ils toute la matinée devant la télé? Comme prévu, ils ne mangent pas avec nous mais prennent le temps de nous montrer quelques travaux supplémentaires et nous confient les clés de leur seconde voiture pour faire des allers-retours avec la remorque jusqu’au brûlot. Nous en profitons pour donner à Nino son premier cours de conduite sur une voiture automatique. Il s’en sort très bien. Il développe ses compétences de façon phénoménale. 

Ahahah ! Notre plan diabolique est en marche. Notre objectif : pouvoir utiliser leur voiture pour aller visiter les alentours mais c’est loin d’être gagné. On procède par étape, la toute première étant :  la mise en confiance. On les a d’abord fait parler, puis rire puis on leur a payé un coup. On leur a ensuite proposé de conduire leur voiture s’ils étaient fatigués, on a subtilement placé dans la conversation nos permis internationaux. Maintenant, ils nous confient les clefs de leur voiture. La seconde étape est de parvenir à leur emprunter pour aller visiter Christchurch. Nous avons déjà évoqué l’idée. Soyons patients …

Cet aprem, c’est stockage du bois coupé et désencombrage de branches. On bosse pendant près de 3 heures mais vers 16h30, on décide de s’arrêter. J’ai envie d’aller faire un peu de renfo et d’étirements dans le jardin et Nino a envie de se poser aussi. Seul Simon continue le boulot pendant une petite heure car il n’aime pas être désœuvré. 

La fin de journée est très agréable. Il fait un temps splendide. Chacun pratique ses activités dans son coin. Je poursuis mon apprentissage de l’espagnol. Ça avance, doucement mais sûrement. Pas sûr quand même que j’arrive à aligner trois mots d’ici Mars car on est déjà en Février. 

Pour le  dîner, Libby nous a préparé une fois de plus un plat délicieux au poulet. Le repas est très agréable et nous arrivons à bien échanger avec nos hôtes. Nous apprenons d’ailleurs qu’ils doivent aller mardi à Christchurch pour que Libby passe un examen des yeux. Sachant que nous souhaitons visiter cette ville, ils nous proposent de les accompagner. Youpi ! Objectif atteint sans même avoir besoin d’emprunter la voiture !

Avant d’aller nous coucher (il est 18h45 quand nous finissons le repas), nous faisons une partie endiablée de Uno avec les enfants. Qu’est-ce qu’on rigole !!! ce jeu a le don de nous rendre hystériques, joyeux et rageux à la fois. Hier soir, Simon s’est endormi à 1h du matin pour terminer son livre (« le complexe du spaghetti » lu par Samuel un mois plus tôt). Il trouve enfin le temps de lire et d’être happé par son bouquin. C’est chouette. Ce soir, il est crevé et commence a ronfler à 21h07 tandis que je termine d’écrire ces lignes. 

 

Dimanche 2 février 2025

Dunsandel / Grisaille / 20°

Rien de spécial pour cette journée. On poursuit notre travail dans la propriété et la noiseraie pour tailler les arbres et nettoyer les branches mortes. Nous progressons bien. On fait 4h de boulot et basta. Nous nous rendons compte que notre investissement est proportionnel à celui de nos hôtes. 

      Noisetier avant

        Noisetier après

La journée est humide et j’ai lancé une lessive. Libby me propose donc d’étendre mon linge devant un bon feu de cheminée. J’en profite pour faire un break devant les flammes qui me rappellent un peu la Picardie chère à mon cœur. Après le repas, on fait une nouvelle partie de Uno avec les enfants Toute la famille se ligue contre moi. Je mets fin à la partie avec 534 points (un record!) tandis que mes adversaires ont tous moins de 200. Quelle bande d’ingrats ! Dire que j’en ai sorti 3 de mon utérus et que j’ai eu la gentillesse d’épouser le dernier ! Voilà comment je suis remerciée ! 😂

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