Samedi 21 juin 2025
Powell River/ Soleil / 21°
Tandis que la fête de la musique bat son plein en France, ici c’est le chant des oiseaux qui nous réveille … et parfois aussi celui de la tronçonneuse de Paul. ☺️
Je ne sais pas trop quoi raconter de ces journées qui passent et se ressemblent toutes un peu. C’est notre petite routine de Canadiens novices, une poésie du quotidien qui enchante cette fin de voyage.
Donc, pour faire court, aujourd’hui c’était : candidature à la MDPH, dégustation de pancakes de Chris au petit dej avec sirop d’érable et compote de fraises, ratatouille géante, nettoyage de la plaie d’Adam avec de l’anti-moustique (aïe aïe aïe, désolée mon petit chou), désherbage du jardin, lunch de noodles au fromage, gâteau au yahourt et pains tout frais, roses des sables, tournage de clip sur le dock, danse en liberté, discussion passionnante entre une mère et son benjamin sur une planche flottante, douche nécessaire pour certains, retour de Chelsea et des enfants, repas du soir à 18h sur la table de jardin, lecture en bord de mer avec un thé brûlant, jeux entre mecs, dodo.
Poétique, non ?
Dimanche 22 juin 2025
Powell River / Soleil/ 20°
Super journée en perspective : nos hôtes ont prévu un fête avec tous leurs amis cet après-midi. Simon passe toute la matinée à la cuisine pour préparer pas loin de 200 crêpes. Les enfants font… beeen, je ne sais pas trop quoi …. avec les écrans bien entendu. Moi, j’ai un petit coup de mou et je décide d’aller m’allonger un peu. Impossible de me reposer vraiment car, pour préparer la fête, il faut nettoyer le jardin. Paul en profite pour faire joujou avec la débroussailleuse et la tondeuse qui font beaucoup de bruit. Du coup, je scrolle sur Instagram. Les infos me désespèrent. Trump est fou, notre gouvernement marche sur la tête, la terre va mal, les océans se meurent, les réseaux sociaux veulent faire de nos enfants des imbéciles et c’est la canicule en juin. La bêtise humaine n’en finit pas de grossir.
Je suis tiraillée entre la colère, l’indignation, le dégoût, la culpabilité, la tristesse…. Bref, je me sens encore plus mal. Pour le moment, deux choix se présentent à moi : décharger ces émotions en les verbalisant, essayer de comprendre, d’analyser, de chercher une lumière quitte à propager cette angoisse sourde aux personnes qui m’entourent ou accueillir ces émotions, les laisser passer et me concentrer sur la Beauté toute proche de moi. Pas simple. Oiseau de mauvais augure ou autruche ?
Aujourd’hui, je choisis Autruche. Je décide de saisir le meilleur de ce que peut m’apporter cette journée et c’est un choix sensé, il me semble. Je me sens tellement impuissante de toute manière. Ma façon à moi de faire ma part de colibri est d’élever mes enfants dans la conscience de la fragilité de la vie et des enjeux à venir. J’aimerais qu’ils puissent être en capacité de voir le positif autour d’eux et de faire les meilleurs choix possible en tant que citoyen du monde. C’est déjà un sacré défi. Une fois mes états d’âme remisés sous le lit de la tiny house, je pars rejoindre les festivités.
Dans l’après-midi, une cinquantaine de personnes défilent dans la propriété. J’essaie de discuter avec le plus de personnes possible pour découvrir les différents parcours de vie des uns et des autres. Je suis curieuse de savoir comment on arrive à Powell River. Le papa de Chris, Ed, est arrivé pour passer une semaine avec nous. Il n’est pas très loquace malgré nos diverses questions à son intention.
L’ambiance est super chouette. Chelsea et Paul ont installé des tables et des chaises un peu partout dans le jardin devant la mer. Tout le monde a apporté quelque chose à manger. Le buffet est royal. Nino se goinfre (c’est un euphémisme). Petite balade en barque, couronne de fleurs, les jeunes se baignent (pas nos enfants qui font les timides). Avec Simon, on tente de se projeter sur l’organisation de cet été car le décompte du retour a commencé.
Petit feu de camp en début de soirée, un peu de ukulele par ci, quelques chamallows grillés par là et il est déjà l’heure d’aller se coucher. Les invités sont tous partis. Je vais faire un peu de tissu et de trapèze chez Twayla avec Isabelle avant d’aller filer un coup de main à Chelsea et Chris pour tout ranger. J’ai quelques restes mais mes abdos me manquent terriblement.
Avant de partir dormir, on prend un temps tous les 5 pour un gros câlin de famille dans la tente (réclamé par les enfants). Encore une magnifique journée qui s’achève. Le moral est bien meilleur ce soir. Normal, il y avait beaucoup d’amour dans l’air.
Lundi 23 juin 2025
Powell River/ soleil / 18°
Retour au boulot pour les wwoofeurs. On va donner un coup de main à Sandie, une amie de Chelsea. On déplace des tas de compost et on les étale. Elle nous prépare un délicieux lunch pour nous remercier.
La journée est tellement belle que je craque ! Samuel et moi allons faire du paddle en lieu et place de la leçon de français. On a de longues discussions tous les deux avec Sam. On parle de tout et de rien. J’adore ces moments en tête à tête avec l’un de mes garçons.
Quelle chance d’habiter ici quand même et de pouvoir aller se baigner quand on veut. L’eau est transparente et presque tiède.
Quelques dessins devant la mer, partie de Séquence avec les enfants, long débat sur la stratégie (Adam a des tas de trucs à dire là-dessus). On ne s’ennuie jamais avec ces trois là.
Mardi 24 juin 2025
Powell River/ grisaille et soleil / 18°
Taille des pommiers et désherbage des framboisiers, repas avec Ed (toujours mutique) avec de délicieux scones de Chelsea, leçon de français avec Sam (il fait trop de vent pour un paddle), arrosage de la green house, papotage avec les légumes qui poussent à toute allure, ramassage de fraises et de pois, succulents burgers à la Chris, séance dessin devant la mer, jeux de société, débat animé sur les écrans (j’aimerais tenter une journée sans écran mais la levée de bouclier est telle que je laisse tomber), bouquinage contrariée, ronflements rapides de mon mari passionné par son nouveau bouquin.
Mercredi 25 juin 2025
Powell River/ grisaille t soleil / 19°
Bruit de la mer au réveil, petit dej copieux, routine de la green garden, prendre soin des plantes, leur faire de la place, les faire belles, leur donner à boire, les encourager, chaparder quelques fruits. Une biche s’enfuit du jardin en nous voyant arriver. Adam et Sam sont encore beaucoup sur les écrans. Je tente une parade, je me fais recevoir, je démissionne. Je suppose que ça ne les rendra pas plus bêtes, espérons que ça ne les rende pas plus agressifs. Le cuisto Simon fait fureur avec ses tartes. Une nouveauté : tarte cosses de petits pois, féta, menthe. Yom! Je sens bien que le compte à rebours commence à jouer sur mon moral. Je ressens aussi la tristesse de Nino. Je trouve à m’apaiser devant la mer.
Il est déjà 17h30. On dîne tous ensemble, Chris va paddler, Chelsea file en ville pour un massage oublié, Lou et Isabelle jouent chez des amis, Ed, le papa de Chris, regarde la mer, muet. Quelques nouveaux dessins devant la mer. C’est inspirant toute cette eau.
La soirée se termine par un Uno pas fun. Nino fait un misplay et colle à Simon 150 points dans la vue en un tour. Je renverse ma tasse de thé bue à 10%. Samuel utilise le mot « noï » (un vilain mot pas sympa) dans chacune de ses phrases et je lui demande d’arrêter. L’ambiance est tendue. Dommage, pour une fois qu’Adam joue sans râler !
Jeudi 26 juin 2025
Powell River/ grisaille et pluie / 17°
Petite insomnie. Le stress de la fin sans doute. Déjà trois semaines qu’on est arrivés ici. Dingue !
Traite de chèvre et aide au jardin chez Kristi, l’ex femme de Paul. Elle nous prépare un petit lunch délicieux que nous mangeons en compagnie de son beau-fils Loukas, en pleine recherche d’identité et passionné de Donjon et Dragon. Nino et lui font vite connaissance et passent une heure à discuter D&D.
J’accompagne Chelsea en fin de journée à une répétition de sa chorale. Il y a aussi des danseuses pur le premier chant. Je ressens alors moi aussi une folle envie de danser. J’hésite, ce serait seule devant toute la chorale. La chanson « Little Blue » me transporte. Je demande à Chelsea si je peux. Malheureusement, elle me répond que le chef de choeur n’apprécierait pas du tout. Snif !
Vendredi 27 juin 2025
Powell River/ pluie / 16°
Un arbre est tombé sur la plage pendant la nuit. Un arbre immense qui aurait pu faire des dégâts. Heureusement, il est tombé sur les cailloux sans rien endommagé. Aujourd’hui, il pleut. Cette météo ne nous est pas habituelle. L’ambiance se modifie avec la baisse de la luminosité et la présence des nuages. C’est top pour le jardin potager !
Aujourd’hui : un peu de ramassage de salades et de rhubarbe pour le marché et beaucoup de cuisine car la pluie ne nous permet pas de rester à l’extérieur. Simon est au fourneau. Il a besoin d’être en action. Que voulez-vous, impossible de le coller plus de 20 minutes sur un transat à moins qu’il y ait un match à regarder.
Je me prends la tête avec Samuel pour sa leçon de français. Son utilisation abusive (et le mot est faible) des écrans me désespère. Nous changerons ça à notre retour. J’ai fini mon bouquin. Je me fais happer par Instagram. Après le savon passé à mon fils, je ne suis pas fière de moi.
Et voilà, nous venons de vivre notre dernier vendredi dans ce lieu magique. La semaine prochaine nous serons en route pour rentrer chez nous. Soupirs …