Mercredi 21 mai 2025
Salt Lake City / Soleil / 28°
Nous arrivons à Salt Lake City vers 12h au camping haut de gamme Koa dans lequel nous trouvons toutes les commodités : eau, vidange, table de pique nique, douches chaudes, laverie, terrain de basket, jeux divers et même piscine extérieure et petit déjeuner gratuit. Cool !
Après le repas, Simon et Adam partent rapidement grimper dans une salle nommée Bouldering Project. Nino, Samuel et moi décidons de rester au camping pour chiller un peu. Je veux aussi avancer sur le dernier chapitre de français du CNED pour Samuel. Et, en bonne mère que je suis (oui, oui !), je vais passer un peu de temps pour jouer avec lui au basket après sa leçon. Enfin, je fais ce que je peux face à mon futur champion de NBA. L’après-midi passe si vite que les grimpeurs sont déjà de retour avant que nous ayons eu le temps de dire « piscine ». La salle d’escalade a l’air vraiment géniale et ils ont prévu d’y retourner demain.
Pour le moment, nous n’avons plus de nouvelle de notre nouveau wwoofing au Canada. Ça semble bien compromis. Je les relance en insistant sur notre envie de les rejoindre . On verra bien.
Jeudi 22 mai 2025
Salt Lake City / Soleil /28°
Après avoir renfloué les réservoirs en eau, fait une lessive et la vidange, nous partons de notre camping tout confort (mais bien trop cher pour y passer une seconde nuit) vers pour un nouveau spot. Simon pense que nous pouvons nous garer en face du bâtiment où se déroulera demain la coupe du monde d’escalade. Il s’agit d’un des parkings de la salle d’escalade d’hier. Le lieu est idéal. Espérons que nous ne serons pas virés.
Je n’ai pas envie de courir partout aujourd’hui dans la ville. Je propose donc à Nino et Samuel de profiter des super conditions de connexion et d’installation au Bouldering Project pour faire des trucs. Ils sont ok. Nous passons donc la journée dans la salle entre grimpe pour les uns, observation des grimpeurs de tous horizons, blog, CNED, lecture et zonage sur internet pour les autres.
En arrivant, nous tombons nez à nez avec Oriane Bertone et son copain Adrien Lemaire. Je leur souffle rapidement un petit « Bon courage pour demain ». Oriane lève la tête et dit « Ah, des Français ! Mais qu’est-ce que vous faites ici? » S’ensuit un échange très sympa sur notre année, le wwoofing et la compétition du lendemain. Simon, de son côté, va papoter avec l’entraîneur de Mejdi Schalck et un juge français. L’ambiance est très sympa. La journée passe vite.
L’un des agents de sécurité du lieu vient nous rendre une petite visite le soir dans notre camping-car. Il ne sait pas si on peut rester ici pour la nuit. Il appelle donc son patron et passe le téléphone à Simon pour qu’il puisse lui expliquer notre situation. Coup de chance, le patron parle parfaitement français et, au bout d’une conversation d’une dizaine de minutes sur tout sauf notre emplacement de parking, il nous donne le feu vert pour rester là. Génial !!! Ils sont quand même vraiment sympas ces Américains !
Vendredi 23 mai 2025
Salt lake City/ Soleil /28°
Journée coupe du monde d’escalade. Un grand moment pour Adam qui attend ça depuis 1 mois maintenant. Il s’est acheté un beau tee-shirt Hitorii pour l’occasion. Simon et Adam se postent devant l’entrée du gymnase dès 7h30 et sont presque les premiers à entrer. De 9h à 14h, ce sont les qualifications des filles (elles sont 57) puis, de 16h à 20h, celles des garçons(ils sont 67). C’est de la folie !!! Adam voit défiler à quelques mètres de lui les stars de la discipline. C’est Noël dans ses yeux. Malgré sa gêne, j’arrive à le convaincre de poser pour une photo avec l’équipe des filles. Un beau souvenir.
La journée passe à une vitesse folle. C’était une expérience bruyante et fatigante mais vraiment formidable. Il est déjà l’heure de quitter Salt Lake. Les demi-finales et finales auront lieu demain et après-demain mais notre timing ne nous permet pas de rester ici plus longtemps. On les regardera en chemin sur le téléphone en espérant avoir de la 4G. On reprend la route de nuit pour aller se poser au parking de Walmart sur la route de Vegas.
Samedi 24 mai 2025
Salt Lake City – Las Vegas / Soleil / 33°
Réveil sur le parking du Walmart et courses pour Simon au saut du lit. Journée de route aujourd’hui. Nous devons rouler 5 à 6 heures avant d’arriver à Las Vegas. Les paysages sont superbes. Durant le trajet, impossible de rater la coupe du monde d’escalade. C’est donc diffusion en direct pour Adam et moi qui commentons pendant deux heures et demi (pour le pauvre Simon qui conduit) les performances des filles sur la demi-finale. Nos françaises assurent !!
Simon nous trouve un spot magnifique pour manger le midi. En plein milieu d’un paysage fait d’immenses rochers et de sable jaune. A la sortie du camping-car, la chaleur nous accable. Nous ne sommes plus habitués. La petite aire de pique-nique où nous sommes arrêtés propose des tables à l’ombre. Heureusement, un petit vent constant permet d’encaisser la température extérieure. On repart vers 13h, heure locale. On vient de regagner une heure sur le soleil. Nous avons maintenant à nouveau 9 heures de décalage horaire avec la France.
On reprend la route rapidement, arrivons à Vegas vers 15h et trouvons à nous garer. Un spot gratuit le long d’un trottoir que Simon repère en passant. On y croise des français qui nous confirment que le lieu est sûr. On pourra donc aller se balader dans Vegas quelques heures tranquillement et gratuitement. Quel bol !
Mais avant, c’est l’heure de la finale des filles. Nous avons 3 françaises en lice sur 8 finalistes. On lance la vidéo sur la télé et nous assistons en direct à une magnifique compétition. Oriane Bertone (notre chouchoute) termine quatrième tandis que Zélia Avezou empoche la deuxième place. Chapeau les filles !!
Ok, il est presque 18h. La température a chuté, l’escalade est finie pour aujourd’hui. On peut aller se balader. Notre spot est à 10 minutes à pieds du Strip, l’autre nom donné au Las Vegas Boulevard, l’endroit des grands hôtels et des casinos. A peine descendus de Gargui, nous croisons plusieurs limousines qui disent déjà la démesure du lieu.
Info culturelle : Las Vegas est une ville sortie du désert. Elle a été fondée à la fin du XIXème siècle lorsque Raphael Rivera, un éclaireur à la recherche de sources d’eau, découvre le lieu, nommé Las Vegas (ce qui signifie « les prairies », « les prés » ou « les vallées fertiles ») en raison de l’eau présente dans le sous-sol. Las Vegas doit sa réputation de « ville du péché » (sin city) aux législations fort souples introduites par l’Etat du Nevada en matière de jeu, de prostitution ou de divorce. En effet, depuis 1931, alors que l’Amérique puritaine connaissait encore la prohibition, les jeux d’argent y étaient largement légalisés.
La claque ! Ici, tout n’est que bruit, odeur de shit et façades clinquantes. On croise les « miniatures » de la Tour Eiffel, de l’Arc de Triomphe, de la Statue de la Liberté, de la Fontaine de Trevi. Les trottoirs sont bondés. On y voit de tout, des touristes casquettés, d’élégantes demoiselles sur talons aiguilles, de jeunes gens transgenres, des enfants obèses, des motards tatoués …, un grand rassemblement Bénetton bordélique. Mais ce qui me saute aux yeux, ce sont toutes ces femmes dénudées. De très nombreuses promeneuses se baladent en maillot de bain minimaliste. Il n’y a pourtant pas de plage à Vegas et les piscines se situent dans les hôtels de luxe hors de prix. Elles n’ont même pas de serviette avec elle, juste leur sac à main. Elles ne vont pas se baigner. Alors pourquoi un maillot ?
D’autres femmes se promènent quasi nues vêtues uniquement de strings, talons, plumes et cache tétons. Elles font probablement de la publicité pour les casinos alentours mais ne distribuent rien. Il y a aussi tout un tas de rabatteurs qui font claquer leurs « cartes de visite » à la mode croupier avant de les distribuer aux hommes d’âge mur. Il s’agit de pubs de promotion pour des maisons closes. Si la prostitution est autorisée dans le Nevada, elle est soi-disant interdite à Vegas. C’est une grande hypocrisie car elle est bien présente à tous les coins de rue. Heureusement, nous avons notre arme anti-propagande-prostitutionnelle : notre petit Samsam qui, avec sa bonne bouille encore enfantine et son mètre cinquante, fait fuir toutes les velléités des proxénètes. L’ultra sexualisation du corps de la femme met nos deux jeunes très mal à l’aise. Nino, lui, qui sent poindre ma nausée, tente de faire passer la pilule en se lançant dans de grandes théories sur le pourquoi du comment. Merci mon grand.
Nous entrons dans les gigantesques galeries commerçantes. Tout est surdimensionné ici. C’en est indécent. Nous traversons un casino et nous arrêtons pour faire une photo à une table de poker. On nous demande (pas très gentiment) de dégager le plancher car les enfants ont le droit de traverser les salles mais pas de s’y arrêter. Cela va bien à Samuel qui ne se sent pas du tout à l’aise. Comme il le dit très bien » Vegas est une ville d’adultes. Rien n’est fait pour les enfants ». Il est déçu mais il a raison. C’est une ville d’excès et de débauche. Nino évoquera à juste titre le parallèle avec le récit biblique de Sodome (Quelle culture religieuse !! Merci à Mamou et Papou) .
Trop c’est trop! Je repense à tout ce que nous avons vécu ces derniers mois, à la simplicité des échanges, à la pauvreté de certaines conditions de vie, à l’authenticité des gens, à la pureté des paysages et j’ai envie de vomir. Je crois que je n’étais pas suffisamment préparée à ce choc de cultures. Je laisse couler quelques larmes et ressent une immense envie d’être loin. Nous ne sommes dans cette ambiance que depuis une heure et demi mais nous décidons d’un commun accord que ça suffira comme ça. On rentre donc au camping-car pour manger.
Nous devons faire une petite heure de route pour trouver notre lieu de dodo. On repartant, on passe en plein milieu du Strip pour découvrir la ville la nuit. Les néons, les couleurs, la musique, tout devrait nous inviter à apprécier cette ambiance festive mais le cœur n’y est pas et c’est sans regret que nous quittons Vegas, ville du péché et des exagérations qui n’est définitivement pas faite pour nous. Une heure plus tard, nous voici de nouveau en plein désert, sur une aire perdue où nous nous posons pour la nuit. Ouf, nous sommes sauvés !
Dimanche 25 mai 2025
Las Vegas – Porterville / Soleil / 33°
Journée de route en passant par le paysage désertique de la Death Valley. Notre Gargui tient bien le coup. Pas de surchauffe malgré la chaleur étouffante. Contre toute attente, la Death Valley n’est pas un désert de sable mais une étendue aride de terre ocre ornée de buissons desséchés. La Death Valley n’est pas plate mais entourée de petites montagnes, désertiques elles aussi. Nous roulons deux heures dans ce paysage lunaire. Pas grand monde sur la route. En même temps, il n’y a rien dans le coin. Pas de station service, pas de centre commercial, pas de bar, pas d’hôtel. Rien de rien de rien. Ici, on ne fait que passer. Malheureusement pas de connexion wifi ni de 4G non plus. Impossible pour Adam de suivre les demi-finales Hommes de la coupe du monde d’escalade. Il ronge son frein attendant impatiemment que le réseau revienne.
Arrivée à Porterville à 16h, pile pour la finale. On s’installe confortablement devant l’écran pour regarder la France, représentée par Mejdi Schalck, se battre sur des blocs compliqués. Verdict Mejdi finit seulement 6ème sur 8 mais quelle belle compétition !
Ces derniers jours auront été rythmés par la grimpe et ça a fait un bien fou à Adam. Pour terminer cette parenthèse urbaine en beauté avant de repartir vers la nature, nous faisons une surprise aux enfants et les emmenons voir le dernier opus de Mission Impossible (c’est mon cadeau d’anniversaire). Je leur ai fait croire qu’on allait à une expo et, accrochez-vous bien, aucun n’a râlé. Je crois même que Samuel était un peu déçu . 😂
Demain direction Sequoia. Chouette !
Finalement, la réponse du nouveau wwoofing canadien est négative. Nous devrons donc nous résoudre à aller à Powell River, notre première option. En relisant la description de ce wwoofing, je me dis que c’est un mal pour un bien. Evidemment, le nouveau wwoofing à proximité de Vancouver nous aurait grandement facilité les choses et nous aurait permis d’économiser quelques centaines d’euros mais l’expérience aurait été moins authentique car il s’agissait d’une ferme à l’américaine avec des salariés et d’autres volontaires. Nous n’aurions pas eu le réel contact avec la vie canadienne. Nous partons, pour le coup, au cœur du Canada, dans une exploitation familiale entretenue depuis près d’un siècle. Je pense que ça va être génial de vivre ça, même si l’endroit est assez compliqué à atteindre. Il va falloir s’organiser. Nous verrons ça une fois installés à San Francisco.