Vendredi 9 mai 2025
Los Angeles – Joshua Tree / Soleil / 32°
La nuit sur le parking a été bruyante mais plutôt bonne. On prend vite la route pour quitter ce spot sans intérêt mais qui aura eu au moins le mérite d’être gratuit. On arrive rapidement au Parc National de Joshua Tree. Le paysage désertique qui défile autour de nous est magnifique. Sauvage et poétique. Nous tombons tout de suite sous le charme de cet endroit pourtant peu indiqué dans les guides touristiques.
Un petit tour au Visitor Center nous permet de glaner de précieuses informations. Les Rangers sont adorables et nous donnent tous les renseignements dont nous avons besoin. Nous achetons le Pass America the Beautiful à 80$ qui nous donnera désormais l’accès à tous les parcs nationaux. Une super affaire quand on sait que l’entrée pour chacun des parcs coûte 35$.
J’avais réservé un campground pour la nuit en plein cœur du parc. Nous installons donc rapidement notre monture à l’emplacement 16A du Cottonwood Campground. Il fait chaud, très chaud, vraiment très chaud. Du coup, nous décidons de déjeuner au camping pour attendre un peu que la température redescende avant d’aller explorer les environs.
A 17h, nous n’y tenons plus et partons crémés, chapeautés et équipés de 5 litres d’eau. La balade de 2 heures est incroyable, serpentant entre les roches jaunes, les cactus fleuris et les arbustes griffus. On en prend plein les yeux. La chaleur baisse à mesure que le soleil décline et nous rentrons au campement éclairés par un sunset superbe.
Nous y sommes ! En plein cœur du désert américain! Quelle splendeur mais aussi quelle angoisse. Surtout ne pas tomber en panne maintenant !!! Nous pourrions mourir de chaud.
Les enfants sont ravis de cette première immersion dans les grands espaces. La soirée est joyeuse et la rotation des préposés en cuisine, débarrassage et vaisselle s’impose d’elle même grâce aux paris lancés lors de la partie de 5000 jouée un peu plus tôt dans la journée.
Pour ma part, je suis toujours malade mais on a acheté plein de paquets de mouchoirs. Ça va le faire .
Voici le fameux Joshua Tree qui se trouve en nombre dans le parc et qui lui a donné logiquement son nom.
Samedi 10 mai 2025
Joshua Tree – Seligman / soleil / 33°
Quel pied de se réveiller dans un décor comme celui-ci ! On a prévu une courte randonnée ce matin mais, pour profiter des quelques degrés en moins, il ne faut pas partir trop tard. On se met donc en route dès 8h30 avec de petits yeux.
Premier arrêt de10 minutes au jardin de Cactus puis petite boucle vers Face Rock. On repart vers 9h30 pour la rando de 1h30 de Skull Rock. Les rochers ici sont fous. Adam ne sait pas où donner de la tête.
On se régale de beauté. Il fait chaud mais un petit vent rend cette chaleur supportable sauf pour Samuel mis en difficulté par la température et qui préfère rester dans le camping car pour la deuxième partie de la rando.
On se trouve un nouveau spot magique pour le repas du midi. Tandis que certains font une petite sieste post repas, d’autres (devinez qui) vont explorer les blocs alentours pour grimper sur quelques uns.
On décolle vers 15h pour avancer vers le Grand Canyon. Il y a 6 heures de route au total aujourd’hui. Adam est courageux. Il travaille son CNED pendant les heures de route. Chapeau !!
La route est belle mais complètement désertique sur des centaines de kilomètres ! Et peu de voitures en vue. Simon est nettement plus à l’aise que sur les autoroutes bondées.
Je ne me sens pas très en forme et décide d’aller m’allonger un moment sur le lit. Pour ça, c’est vraiment trop chouette de voyager en camping-car même si, officiellement, il est interdit de ne pas être attaché. Chuuuut ! Samuel prend ma place à l’avant pour tenir compagnie à Simon et avancer sur son montage de GoPro . Il essaie de terminer la Norvège ! Il a encore pas mal de boulot pour boucler l’année.
Ce soir, on dort sur une aire d’autoroute à Seligman, au beau milieu de la célèbre Route 66. La nuit est calme. L’organisation des lits a un peu changé car il fait vraiment chaud. Nino dort en haut, Samuel sur la table transformée en lit et Adam sur la banquette. C’est plus confortable pour eux mais il y a aussi plus de manutention chaque jour.
Dimanche 11 mai 2025
Seligman – Grand Canyon / soleil / 25°
Ce matin c’est découverte du pittoresque village de Seligman. On comprend pourquoi on en fait tout un foin. Tout est resté comme au siècle dernier. C’est vraiment old school, les panneaux, les voitures, les bâtiments, la déco et même les locaux. Trop rigolo.
On petit-déjeune tout en faisant tourner une lessive dans la laundry du coin puis on reprend la route pour Grand canyon vers 10h. Le paysage change du tout au tout. On passe du désert à la forêt de pin en quelques kilomètres et le thermomètre baisse lui aussi de 10°. Il n’y a personne sur la route. Je me demande bien où sont les milliers de touristes que nous devrions croiser tout à l’heure au Grand Canyon.
Nous arrivons au parking du Visitor Center vers 12h. L’immense parking est blindé de voitures !!! Les voilà les touristes . On ne sera pas seuls pour la balade.
On récupère les plans et les infos et on va se garer dans le camping situé au cœur du parc. Nous avons eu de la chance car, normalement, il faut réserver ces campings au moins 6 mois à l’avance. Mais ça, on ne le savait pas car l’organisation de ce voyage de 10 mois ne nous a pas permis de tout prévoir de façon très anticipée. C’est donc à peine 3 semaines avant (réservation faite en Bolivie) que j’ai payé le dernier emplacement pour camping-car à cet endroit. Nous souhaitions rester 2 nuits mais nous n’avons pu en réserver qu’une. Il faudra venir faire la queue demain matin pour pouvoir espérer bénéficier d’une nuit supplémentaire. Ces places sont appelées « First arrived, first served », premier arrivé, premier servi. Ok. Simon est partant pour faire le pied de grue dès son réveil.
Notre emplacement est parfait. Nous allons pouvoir profiter du Grand Canyon en toute quiétude. Des biches et des cerfs se baladent à quelques mètres de nous et des écureuils viennent à nos pieds pour chercher à manger. Ici, les animaux n’ont pas peur de l’Homme. Ils se partagent l’espace avec respect.
L’organisation du site est très bien faite. Des navettes gratuites mènent à des points de vue stratégiques et au départ des randonnées.
Cet après-midi, nous avons prévu de suivre le RIM trail vers l’Ouest. Sur les prospectus, il est indiqué qu’il vaut mieux faire cette balade le matin car il y a foule l’après-midi. Tant pis, on verra bien. L’arrivée au bord du Grand Canyon nous coupe le souffle. Je ressens la même sensation qu’il y a 35 ans lors du même road trip en camping-car avec mes parents et ma sœur. Du haut de mes 10 ans, j’avais été frappée par la beauté et l’immensité. Quelle splendeur de la nature!
Info géologique : Le grand Canyon serpente sur 445 km et ses sinuosités résultent de six millions d’années d’activité géologique et d’érosion causée par les eaux du Colorado sur la croûte terrestre soulevée. Vus des bords du canyon, les temples, les buttes, les pointes et autres mesas donnent en fait l’impression d’être des montagnes. Le soulèvement du plateau du Colorado a été une étape clé dans la formation du Grand Canyon. L’action de la tectonique des plaques a soulevé les roches, créant un plateau à travers lequel le fleuve Colorado a pu s’enfoncer. Le Grand Canyon présente des roches dont certaines sont âgées d’1,7 milliard d’années au fond des gorges. C’est pas fou ça!? Pauvres petites fourmis que nous sommes.
Les couleurs, la forme des roches, le gouffre face à nous, tout force à la contemplation.
Nous marchons pendant 3 heures le long du canyon, découvrant sans cesse de nouveaux angles de vue. Samuel, lui, ne comprend pas bien la balade car il a l’impression « de voir toujours la même chose ». Mais il ne se plaint pas et avance en se faisant des films dans sa tête.
La grande surprise est que nous sommes quasiment seuls sur la promenade. La foule de touristes du dépliant a du aller à un autre spot. Le vent commence à se lever et, photos et extase obligent, nous avançons trop lentement pour pouvoir aller au bout de la rando à pieds. Nous prenons donc une navette qui nous emmène jusqu’au dernier point de vue de la RIM, le Hermits Rest, le point le plus à l’Ouest. Le soleil se couche diffusant des rayons oranges sur les rochers. C’est splendide. Retour au camping en navette et soirée à rire et papoter avant de regarder tous ensemble « La reine des neiges ». Eh oui, c’était à mon tour de choisir le film ce soir. Trop bien. Quel plaisir de partager tous ces moments avec les enfants!!!
Lundi 12 mai 2025
Grand Canyon / Soleil / 20°
Réveil à 6h30 pour Simon qui part faire le pied de grue devant la guérite du campground afin de nous dégoter une place pour ce soir. Il est le premier d’une queue d’une quinzaine de personnes. Il reçoit donc le précieux sésame dès l’ouverture du camping à 8h. On doit changer d’emplacement mais on peut rester dans le même camping et ça c’est vraiment cool.
On a prévu une grande rando aujourd’hui, la South Kaibab Trailhead, qui est annoncée difficile et prenant entre 4 et 6 heures de marche aller/retour. Une descente dans les tripes du canyon en plein cagnard. On se prépare avec crème solaire, pique-nique, chapeaux et bouteilles d’eau à gogo et c’est parti. Le système de navettes gratuites extrêmement efficace nous emmène au départ de la rando en 30 minutes et nous entamons la descente vers 10h30.
Grâce au vent constant dans le canyon, nous n’avons finalement pas trop chaud. Nous enchainons les points de vue époustouflants. Si plusieurs dizaines de touristes accompagnent notre premier kilomètre jusqu’au « Ooh Aah Point » (nom probablement dû aux cris d’émerveillement des randonneurs face à la beauté du paysage), nous en perdons les trois quarts en poursuivant notre marche. C’est vrai que ça descend bien et qu’il faudra tout remonter ensuite. J’imagine que ça décourage un bon nombre de gens.
C’est donc presque seuls que nous marchons jusqu’au second spot, le Cedar Ridge. Toujours Wahou !!!
On marche depuis une heure maintenant mais on n’a rien vu passer tant notre niveau d’extase est intense. Les garçons avancent sans une seule plainte. Chacun vit ce moment à sa façon, avec ou sans musique, avec ou sans parole. Nous sommes tous dans un état méditatif de plénitude.
Une demi heure plus tard, nouvelle pause. J’arrive à la hauteur de Simon qui est en pleine discussion avec un couple de français qui ont fait une plus grande boucle que nous en partant à 6 heure du matin et entament la remontée. Évidemment, il faut que je m’incruste dans la conversation au moment où Simon leur dit qu’on vient d’Amiens. Eux nous répondent « désolés pour vous » et enchaînent en nous disant qu’ils sont des Pyrénées, qu’ils ne connaissent pas bien le Nord mais qu’ils n’aiment pas le plat, mais par contre qu’ ils aiment les frites.
Ces quelques mots ont le don de me mettre en colère. Je leur réponds un peu sèchement que, non, tous les nordistes ne sont pas spécialistes des frites et qu’ils feraient mieux de venir voir notre ville car elle est plutôt belle même si elle est au Nord. Ils sentent aussitôt le froid (du Nord) envahir la conversation et nous nous quittons un peu gênés. 20 minutes plus tard, nous atteignons notre destination finale, Squeleton Point, du haut duquel nous avons une vue incroyable sur le cœur du canyon et le fleuve Colorado coulant dans la vallée.
Simon nous trouve un chouette spot à l’ombre pour manger et nous dégustons nos sandwichs face à la Beauté. Durant le repas, nous revenons sur la conversation avec les sudistes (« ces cons de sudistes » pensai-je). Quand j’explique les raisons de ma colère, à savoir la fatuité des gens du Sud, le dénigrement de notre région, les poncifs ridicules sur le Nord, les garçons se moquent de moi car ils n’ont pas du tout vécu la conversation ainsi et, par conséquent, n’ont pas non plus entendu les mêmes choses. S’entame un long débat sur ce que je pense être de la naïveté chez ces messieurs, ce qu’ils pensent être de l’aigreur, de la sur-interprétation et de la fierté mal placée chez moi. S’ensuit une discussion sur la différence de ressenti entre les hommes et les femmes. Impossible de dire qui a tord et qui a raison mais c’est vrai que je me sens un peu seule sur ce coup-là.
Les grosses rafales de vent nous invitent à mettre fin au débat et c’est contre vents et bourrasques que nous parvenons à faire notre classique photo automatique en tee-shirt « tout droit jusqu’au matin ».
Nous commençons ensuite la remontée du canyon, trajet en sens inverse qui, si on en croit les prospectus, devrait nous demander entre 3 et 4 heures. Finalement, nous sommes de retour au sommet 2 heures plus tard non sans avoir mal aux guiboles mais pas plus que ça. Il n’est que 16h et nous rêvons d’une bonne douche car le vent a collé sur nos cheveux, notre peau et nos vêtements, la poussière rouge du Colorado. On est crados.
En arrivant au camping, nous croisons nos amis sudistes devant les douches. Ne les reconnaissant pas, je les questionne sur le fonctionnement de celles-ci. Eux m’ont bien reconnu par contre et nous avons alors droit à une petite réflexion mine de rien sur « les gens du Nord » qui me donne l’intime conviction que mon interprétation quelques heures plus tôt était la bonne. Mais bref, les douches sont payantes et moi probablement un peu aigrie et chauvine. Nous irons donc nous doucher dans notre bon Gargui faisant ainsi quelques menues économies.
Fin de journée magique avec coucher du soleil face à l’immensité du canyon. Cette journée a été merveilleuse. Nous nous couchons épuisés mais heureux.