Lundi 7 avril 2025
Rosillas / pluie / 19°
Nous débutons une semaine type wwoofing. Plus de féria, plus de touristes, plus de chanteurs. Nous allons découvrir le rythme et l’organisation de ce wwooofing. Et pour démarrer, ça démarre doucement. Je suis d’attaque à 7h, je range et prépare le petit déjeuner comme souvent. Charlotte puis Nino arrivent mais le reste de la troupe pointe le bout de son nez vers 8h30. La grisaille ne motive personne.
Néanmoins il va falloir s’activer car Salvador a loué un tractopelle et son chauffeur pour l’après-midi. Nous devons donc tracer à la chaux les tranchées qui seront creusées tout à l’heure. On mesure donc puis à l’aide de corde nous délimitons les zones, ensuite, nous utilisons la chaux pour reproduire ces zones. Il pleut et par conséquent nous sommes inquiets de savoir si la chaux ne va pas se dissoudre d’ici 14h. Nous terminons le travail bien trempés.
Nous retournons au chaud. On croise alors Julia qui nous informe qu’elle nous quitte jusque demain. Elle qui est si prévenante, dynamique voir hyperactive quitte à passer du coq à l’âne en oubliant le feu sous la casserole ou en abandonnant l’épluchage pour aller faire une lessive. Elle qui est si gentille, reconnaissante et dans l’échange. Nous sommes déçus de la voir partir. Nous restons avec Salvador qui est tout le contraire de sa mère. Après il est peut-être moins disponible actuellement car il y a anguille sous roche avec Ida, la danoise.
Bon, nous ne sommes pas seuls non plus il y a nos artistes belges, Jeanne et Stephen, tous deux très cools et agréables et puis Guillaume, jeune toulousain guyanais depuis plusieurs années mais qui compte rentrer en France pour s’installer dans un projet autour de l’agriculture. Nous devrions être tous ensemble jusqu’au 21 avril. Pour Ida, danoise passée de statue touriste à wwoofeuse amoureuse, son futur est un peu plus flou et puis ce n’est pas évident pour elle puisqu’elle est entourée d’une grosse colonie de francophone. Les conversations débutent souvent en français pour s’enchaîner en anglais/espagnol.
Il faut manger vite pour libérer l’espace de vie pour nos artistes qui accueillent des élèves du collège de Rosillas pour un travail sur le montage son.
À 14h nous allons observer le tractopelle en action puis direction nos chambres pour une petite sieste, lecture et blog. La connexion wifi n’étant pas bonne côté chambre, les garçons qui ont travaillé ce matin sur le CNED sont au chômage technique en début d’après-midi.
Nous prenons la décision de faire des crêpes ce soir donc direction le village pour faire les courses nécessaires. La communication n’est pas simple avec les locaux mais tout le monde y met du sien, il y a beaucoup d’entraide et de bienveillance. Dès notre retour à l’auberge, je m’active avec la pâte puis aux fourneaux, résultat à 19h il y a une soixantaine de crêpes pour le repas et des crudités. On va encore se régaler.
L’ambiance est vraiment top avec les autres volontaires et artistes. Par contre avec Salvador c’est un peu plus difficile. Le courant ne passe pas du tout avec moi, tandis que Charlotte fait encore beaucoup d’efforts pour questionner, interroger. Après le repas, il y aura deux ambiances, petite série sous les couvertures pour Charlotte et Adam et jeu de cartes pour Samuel, Nino, Jeanne, Guillaume et moi. Salvador s’est éclipsé sans débarrasser ni faire la vaisselle pour rejoindre sa maison (et probablement fumer un petit pétard). Il est rejoint par Ida qui revient 15 minutes après proposer à Jeanne (et seulement à Jeanne) de venir regarder un film avec eux. J’adore. Jeanne reste avec nous. Yes.
Mardi 8 avril 2025
Rosillas / soleil / 22°
Comme souvent vers 6h30, je me réveille, me dirige vers la maison et la cuisine pour préparer la table du petit déjeuner. Charlotte me rejoint, puis c’est au tour de Nino, Guillaume, Salvador, Adam puis Samuel. Nos artistes belges sont des lève tard, on ne les croise jamais au petit déjeuner.
Vers 8h30 Salvador nous propose un tour de la propriété. Depuis notre arrivée nous n’avons pas eu le temps de le faire. La rivière coule en bas de la propriété, c’est superbe. On découvre les différents espaces, l’un est prévu pour faire pousser le nécessaire pour les vaches, il y a une forêt laisser libre de pousser à sa guise, on découvre aussi les ruches, l’ancien potager de sa sœur laissé à l’abandon car cela n’intéresse pas Salvador. C’est le problème de l’organisation familiale autour de cette propriété: les enfants aident leur maman dans la gestion du site en rotation sur des cycles de trois ans. Ils n’ont pas les mêmes envies, pas les mêmes projets. Qui sait si le frère qui va prendre la suite dans deux ans suivra les choix de Salvador?
Au retour de la visite, notre hôte nous annonce qu’il a des appels à passer, il nous laisse choisir notre travail. Nous nous décidons sur le désherbage. L’équipe est composée de Guillaume, Charlotte, Nino et moi. Ida a un statut à part et cela a le don de nous énerver un peu.
Après deux bonnes heures de boulot, c’est l’heure du repas mais il est un peu light, Charlotte s’inquiète sur ce que va pouvoir manger Samuel. Il s’en accommode finalement. Pendant le repas nous évoquons notre souhait de découvrir les alentours et c’est Stephen et Jeanne qui se chargent de nous parler des différentes randonnées possible. Salvador a déjà quitté la table et n’est pas du tout aidant sur ce point. Il revient après une vingtaine de minutes, nous demande de faire une liste pour les courses, il va aller à Padcaya avec Ida (bien évidemment) dans l’après-midi pour les faire. Il a aussi besoin de quelqu’un pour bouger du bois. Je me lève pour l’aider, espérant un peu pouvoir échanger mais mes questions ne trouvent que des réponses courtes. Pas pédagogue, pas dans l’échange, il est difficile à cerner notre hôte.
Après le coup de main je retrouve tout le monde et on opte Charlotte, Nino et moi pour la randonnée jusqu’au barrage pendant que les élèves poursuivent leur travail. Nous sommes accompagnés des chiens pour cette petite balade agréable qui nous permet de prendre de la hauteur au-dessus du village et aussi par rapport à notre wwoofing.
On discute tous les trois, on compare avec les autres expériences. Dans tous, il y a du bon, des choses à prendre et à apprendre. Parfois il y a aussi du très bon, des relations, des échanges. Là, il va peut-être falloir aller le chercher en dehors du wwoofing. On verra la suite.
En rentrant, on passe dans le village et on croise alors Salvador et Ida qui partent aux courses, il est 17h30. Ça va être chaud pour le risotto du soir. En attendant on récupère du pain et du dulce di lecce pour le goûter. Il faut savoir que le chocolat est une denrée rare et chère tandis que le dulce di lecce est partout et à un prix ridicule.
Guillaume, vers 18h30, s’inquiète du repas du soir, je crois qu’il a faim. On pense à faire les pâtes avec la bolognaise. Jeanne valide d’autant qu’on ne veut pas manger trop tard pour s’installer devant un film tous ensemble. Nous installons pour l’occasion projecteur, drap et fauteuils. Il n’y a plus qu’à. La séance sera Sounds of noise, film dont nous avons échangé durant la partie de carte de la veille.
Le binôme des courses revient finalement vers 19h30, le repas est prêt et on passe à table avec un nouveau sketch de Salvador qui me met encore un peu plus en boule. Inspiration – Expiration.
À 20h30 nous nous installons devant le film sans Salvador. On passe un très bon moment tous ensemble..
Mercredi 9 avril 2025
Rosillas/ ciel couvert / 20°
Les jours se suivent et se ressemblent du moins au niveau du réveil et du petit déjeuner. Tout le monde dort très très bien ici.
L’activité du jour va se concentrer sur la première couche des lasagnes dans les tranchées créées par le tractopelle. Salvador nous demande de placer au fond des branches avec des épines monstrueuses (les arbres s’appellent les Churquis, une vraie saleté). On transporte ces branches dans nos bras, sur nos épaules, c’est douloureux. On s’organise tous les quatre, Guillaume, Nino, Charlotte et moi-même et oui pas d’Ida avec nous ni même Salvador. Guillaume ou moi créons des fagots Nino avec Guillaume ou moi, nous transportons et Charlotte étale. Une fois une tranchée terminée, Guillaume chaussé de bonnes bottes descend marcher et écraser les branches. Nous épuisons tout le tas des branches pour faire toutes les tranchées.
Salvador revient en fin de matinée et est impressionné par le travail réalisé, un soupçon de reconnaissance et de remerciement. Il nous informe qu’ils (lui et Ida) vont s’occuper du repas.
Charlotte et moi avons le souhait de cuisiner avec le four à bois en début d’après-midi donc je lance le feu. En cuisine, il n’y a rien pour le moment. Finalement nous ne passerons à table qu’à 13h30, moment choisi par Julia pour revenir. Nous sommes ravis de la retrouver.
L’après-midi, je me lance dans un crumble, Charlotte un gâteau au yaourt, puis deux pains tandis que je m’occupe de légumes. Nino est ravi puisque Guillaume joue à Magic. Ils se font deux parties, une victoire chacun.
Les élèves travaillent beaucoup matin et après-midi actuellement. Ils voient le bout du programme et redoublent d’efforts. Le matin il y a Mamou et l’après-midi nous sommes présents pour les aider. La connexion est bonne. Tout est réuni pour bien progresser.
Vers 16h30 nous prenons le chemin du terrain de basket dans l’espoir de croiser des jeunes avec un ballon.
Au terrain nous croisons Suzanna, Josephina, Gaël et Inalinda. Nous nous amusons pendant près d’une heure et demi, Samuel est ravi. Le rendez-vous est pris pour le lendemain.
À notre retour, plus de Salvador ni d’Ida, ils sont partis à Tarija pour quelques jours. Salvador doit suivre des cours à l’Université et Ida doit partir en Argentine car son visa en Bolivie expire. D’après Julia, nous ne reverrons Salvador que dimanche. Il a donné des instructions à Guillaume pour le travail. Nous nous n’avons pas eu un mot. Sympa.
Avec Julia, tout est plus simple, enjoué. Guillaume s’est lancé dans la réalisation de gnocchis maison. Assisté à de Julia, ils y passent deux bonnes heures.
Le repas est partagé dans une superbe atmosphère et il est délicieux. La décision est prise de monter à la cascade demain, Stephen nous motive tous pour un départ matinal. Nous partirons à 7h30 et par conséquent nous prenons tous la direction du lit après la vaisselle.
Jeudi 10 avril 2025
Rosillas / ciel couvert jusque 9h30 puis soleil / 18°
Au taquet, à 7h nous sommes au petit déjeuner, malheureusement pour le moment le ciel est couvert, nous restons tous positifs, ça va se lever.
Avec une petite demi-heure de retard nous partons tous les huit. Stephen et Jeanne font office de guides puisqu’ils sont déjà allés jusqu’à la cascade. Dès que nous quittons la propriété, les chiens nous suivent, il n’y en a qu’un sur lequel nous avons un peu d’autorité et celui-ci s’en retourne à casa.
Le chemin est agréable mais il devient de moins en moins tracé et clair. Bientôt c’est dans la pampa que nous avançons les uns derrière les autres entourés de ces horribles Churquis. Après 1h30 de marche nous voilà au pied d’une belle cascade. Pour le moment nous sommes à l’ombre de la montagne, il ne fait pas très chaud mais cela n’empêche pas Jeanne de plonger sans aucune difficulté. Nous sommes tous bouche bée. Adam s’amuse sur un rocher. Nino bouquine, il avait pris sa liseuse. Samuel s’essaie au ricochet. Et les adultes papotent en observant le soleil, qui s’est levé et progresse lentement sur la paroi de la montagne. Quand viendra-t-il nous réchauffer?
Et bien il lui aura fallu deux bonnes heures pour venir jusqu’au pied de la cascade. Nous en profitons pour faire une petite photo automatique. Puis nous nous décidons à reprendre la route pour rejoindre Julia pour le repas du midi.
À notre arrivée, nous avons la surprise de voir dans la propriété toute une équipe de danseurs, chanteurs et musiciens en plein tournage de clip. Le folklore bolivien sous nos yeux dans une organisation bolivienne, toujours à la dernière minute d’après Julia.
Elle a quand même trouvé le temps de nous préparer un bon repas, un risotto au quinoa donc on pourrait dire un quinotto. Samuel mange bien, Julia est ravie.
N’ayant pas travaillé le matin, nous nous activons après le repas, on s’organise comme des grands avec les quelques recommandations de Salvador. Charlotte et Guillaume vont préparer une mixture à l’aide du jus de lombric pour épandre le lendemain sur le champ d’avoine pour le fertiliser. Nino et moi, on retourne aux machettes, pour couper les grandes herbes que Salvador va utiliser comme matières pour sa terre.
Adam et Sam font du CNED.
Vers 17h avec Samuel, nous nous dirigeons vers le village pour aller chercher du queso et du dulce de lecce. Malgré l’aide d’une jeune pour nous aider à trouver, on fait chou blanc. À priori la féria du week-end à venir dans le village voisin fait que les stocks sont réservés. Comment allons nous survivre sans dulce de lecce?
On retrouve les joueuses de basketball et nous sommes même rejoints par deux ados, le niveau de jeu augmente. Rendez-vous demain même heure. J’ai peur que l’adversité croient encore. Combien serons-nous?
Pendant que nous nous amusons Charlotte cuisine pour le repas du soir. Un bon riz ratatouille bien chaud fait du bien à tout le monde. À table, les discussions s’enchaînent, on questionne Julia sur sa vie, sur son pays. Elle observe beaucoup les enfants. Les repas durent dans le temps car tout le monde se sent bien autour de la table. Quand Salvador n’est pas là tout va.
Vendredi 11 avril 2025
Rosillas / soleil / 22°
Déjà une semaine que nous sommes arrivés, on a bien pris nos marques. Pour le petit déjeuner Charlotte nous prépare des pancakes avec le lait que Guillaume a rapporté de la traite de la veille.
Il y retourne ce matin avec Charlotte avant d’aller épandre le jus préparé hier. Avec Nino, nous poursuivons notre travail de sape, on devient des pros de la machette. Il fait chaud ce matin et la tenue anti-épines avec le k-way est difficilement supportable. On s’active et on est presque à la fin de cette tâche. On ne reconnaît plus le terrain. À la pause rafraîchissement, on croise Julia et les artistes. Ils prennent tous les deux quelques jours de vacances et vont nous quitter pour les prochains jours, snif.
Charlotte et Guillaume ont rempli le contrat et effectué tout le travail donné par Salvador. On se demande ce que l’on va faire demain.
Nous prenons le repas sur la terrasse, Julia a encore cuisiné pour nous tous. C’est top sauf qu’en cuisine c’est Bagdad. Moi qui aime que le plan de travail soit propre et les casseroles et ustensiles nettoyés. Heureusement Nino me prévient: « Papa ne va pas en cuisine, tu vas être fou ». Merci de prendre soin de ma santé psychique. Ce sera donc Jeanne et Stephen qui se chargeront de la vaisselle ce midi et du nettoyage de la cuisine. Il y a un roulement dans cette tâche.
En début d’après-midi avec Charlotte nous prenons un temps organisation. Elle a lu des infos sur les campings aux USA qui la stressent un peu. Mais avant de prévoir le road-trip il y a encore des étapes où nous n’avons pas tout bouclé. Alors on se concentre sur les logements de Sucre, Copacabana, Isla del Sol, Cusco puis San Francisco et puis nous avons pris la décision de prendre encore un vol, un de plus, pour faire San Francisco – Vancouver, je m’occupe de la réservation.
Après ce petit temps de travail, Charlotte enchaîne sur une séance de français avec Samuel, ils ont une heure car après il y a basket.
On joue une heure avec les enfants qui nous attendaient avec impatience. Léandro, 14 ans me fait danser comme dit Samuel pendant une heure, avec sa vivacité, sa rapidité et ses feintes. On rigole beaucoup, c’est génial ses visages souriants, ses yeux qui pétillent. Demain on se retrouvera à 16h, ils en veulent plus encore. On rentre à la tombée de la nuit. Ici, il n’y a pas de changement d’heures, à 18h30, il fait nuit.
Roberto, le compagnon de Julia nous a rejoint pour le week-end. Il anime une émission de radio et souhaite faire une interview sur notre projet demain matin. Pour l’heure, il nous prépare avec Julia une délicieuse polenta.
En sortant du repas on cherche une comédie à regarder avec Guillaume. On opte pour « Delicatessen ». Après visionnage Charlotte regrette, ce n’est pas si drôle que ça et c’est même un peu glauque. Elle a peur que les garçons dorment mal. Samuel va se coucher en affirmant ne plus nous faire confiance dans le choix des films. Dur.