Vendredi 22 novembre 2024
Dongi Village – Taipa / Soleil / 33°
Nuit plutôt courte. Le chant du Muslim a résonné fort dans nos oreilles ainsi que le cri tonitruant des coqs et les éclats de voix de Mama Aldi.
Ce matin, les yeux encore collés de sommeil, nous décidons de faire 3 teams :
- La team des baraqués : Simon et Nino qui partent dès potron-minet (vers 6h30) pour aller terminer le débroussaillage de la bananeraie.
- La team des artistes : Apolline et Charlotte accompagnées de Mama Aldi qui retournent à l’école publique dès 8h pour donner un cours de théâtre en anglais.
- La team des intellos : Adam et Samuel qui, tel Sisyphe et son caillou, repartent vaillamment devant leur écran d’ordinateur avec leur « copain » CNED.
Le cours de théâtre est incroyable. Il n’y a qu’une quinzaine d’élèves devant nous et ils sont tous motivés. La prof nous avait donné un texte pensant que le théâtre c’était avant tout le support. Nous lui faisons rapidement comprendre que nous ne l’utiliserons pas. Nous préférons partir sur des choses basiques. Nous proposons donc aux élèves des exercices autour du corps, de la respiration et des gammes d’émotions. On fait un carton ! Les élèves et la prof sont ravis net nous aussi.
Après le cours, l’équipe des artistes part faire une petite virée au marché pour acheter de nouvelles tongs et refaire des câlins aux poussins multicolores trop choux, puis rentre à la maison. Mama Aldi est heureuse de retrouver son chez soi car elle était en panique dans la voiture. Sympa, c’est moi qui étais au volant ! Effectivement, il faut rester toujours en grande vigilance car la conduite à gauche change quelque peu nos habitudes mais le trajet n’est pas long et je conduis très prudemment. Malgré tout, Mama Aldi est en stress, quelque soit le conducteur. Elle ne conduit plus depuis un moment et cela n’arrange rien à l’affaire.
Bref, retour à la maison aussi pour la team des baraqués. Ils sont épuisés mais satisfaits de leur travail. On prépare nos sacs car, cet après-midi, Aldi nous emmène au « camping ». On ne sait pas tout à fait ce que le terme « camping » signifie en Indonésie mais il nous vante les mérites d’un endroit où nous serons seuls au monde comme Robinson Crusoé. Être loin des Muslim et des Cocorico nous enchantent déjà. C’est donc avec une excitation à peine camouflée que nous attendons l’heure du départ.
Nous prenons la route pour le port juste après le repas du midi avec un arrêt au supermarché pour faire quelques courses. Bon, ok, c’est vrai, ce ne sera pas tout à fait comme Robinson. On va se faire un barbecue avec du poulet grillé mais, bon, mis à part le fait qu’on va se régaler, qu’on aura des matelas, de l’eau potable et de quoi se laver, c’est presque pareil, non?
14h30 : Nous montons à bord d’un bateau, une sorte de pirogue, et c’est parti pour 30 minutes de navigation le long de la jungle. Le paysage est absolument magnifique et la végétation luxuriante. Arrivés à notre camp de base, nous tombons immédiatement sous le charme de l’endroit. Le confort est vraiment très sommaire. Les matelas sont recouverts de crottes de souris, les toilettes à la turque sont isolées avec des murs troués, la douche est dans un état désastreux mais la beauté et la tranquillité en valent bien la peine.
Les grands commencent par nettoyer les chambres. Les plus jeunes piquent tout de suite une tête dans le lac. L’eau est très belle et transparente. Un magnifique oiseau (un toucan ?) déploie ses ailes juste au-dessus de nos têtes. Tout est silence hormis un chant répétitif assez proche de celui des grillons. Les enfants sont d’autant plus heureux qu’il y a des planches de paddle et un hobie cat qui leur permettent de s’amuser tout de suite comme des fous. Tandis que Simon part avec Sam et Adam faire un tour au « large » avec l’embarcation renommée « Selamat Pagaie » (référence au Selamat Pagi signifiant « Bonjour » en indonésien), les autres lisent, écrivent ou jouent de la guitare. La belle vie.
La fin de journée est très tranquille. Nous dégustons le fameux poulet grillé au barbecue accompagné de riz, évidemment. C’est excellent.
Aldi nous parle longuement de son adolescence durant laquelle il a dû faire face à la grande pauvreté de ses parents. Il nous dit que le riz a été sa principale et unique nourriture durant des mois. pour lui, rice = power. Il nous explique aussi qu’à cette époque, il était perdu et s’est laissé tenter par l’argent facile en devenant dealer de drogue jusqu’au jour où l’un de ses meilleurs amis est mort d’une overdose. Il s’est senti responsable de sa mort car c’est lui qui lui avait vendu la drogue le jour même. Cet évènement déclenche chez lui une prise de conscience. Il quitte complètement l’univers de la drogue et décide de devenir sapeur-pompier volontaire et d’aider les gens le mieux possible tout au long de sa vie. Son histoire est très émouvante et nous éclaire sur l’origine de son projet : aider en développant un lien social avec les habitants grâce aux cours d’anglais et sauver son village des griffes d’entrepreneurs étrangers intéressés par le nickel du sous-sol en l’ouvrant à l’international par l’accueil de volontaires. C’est passionnant de découvrir ce gentil jeune homme sous un autre jour.
Nous finissons par aller nous coucher. Nino, Simon et moi dans une chambre, Samuel et Adam dans une autre. Les deux dernières chambres sont occupées par Apolline et Aldi. Nous nous blottissons dans nos draps de soie car n’importe quelle bête peut entrer dans la chambre et venir nous grignoter les pieds. Gloups !
Samedi 23 novembre 2024
Taipa / Soleil et pluie / 33°
Finalement, nous avons passé une nuit très correcte sur ce matelas sale mais suffisamment confortable pour nous. Simon et moi nous réveillons tôt et profitons des premiers rayons du soleil pour découvrir l’environnement sous un nouveau jour. Tout est très paisible et la baignade matinale est délicieuse. D’énormes papillons multicolores nous tournent autour. C’est un spectacle extraordinaire de les voir valser tous ensemble dans une chorégraphie tout en légèreté et virevoltades. Comme il va être agréable de passer toute une journée dans ce petit coin de paradis.
Après le petit déjeuner, chacun vaque à ses occupations, baignade, lecture, bronzage, guitare, dans la plus grande quiétude quand, tout à coup, un moteur se fait entendre. Nous voyons apparaître avec effroi un bateau touristique se dirigeant droit sur notre plage. Nous avons beau supplier le ciel de détourner sa route, rien n’y fait. Le voilà en train d’accoster sur notre ponton et de déverser la vingtaine de touristes à son bord. Adieu belle tranquillité ! Snif ! Il va falloir faire avec les rires hilares, les cris des enfants et les discussions sonores de ces nouveaux arrivants. Nous sommes tous dépités ! Et là, comble du comble, les enceintes du bateau commencent à grésiller et c’est à présent avec colère que nous subissons la musique diffusée bien trop fort pour nos petites oreilles habituées au bourdonnement simple des abeilles. On est dégoutés ! Aldi nous dit qu’ils vont probablement rester toute la journée car il y a de quoi se restaurer à bord du bateau. Re-snif !!
Finalement, la chance nous sourit. Peut-être que Dieu a entendu nos prières ou a eu pitié de nos mines déconfites, qui sait? Bref, au bout d’une heure trente, le bateau largue les amarres et reprend sa route bruyante vers d’autres contrées. Alléluia !!!! Nous fêtons ça dignement en préparant un repas merveilleux composé de riz (évidemment), de maïs grillé et de tempeh frit. On l’a échappé belle !
Comme imaginé, nous pouvons donc passer notre après-midi dans une glandouille absolue. Ici aucune connexion possible donc adieu réseaux sociaux, youtube, netflix et CNED bien sûr. Ici on prend du bon temps, on se relaxe, on profite de l’instant présent. Les enfants s’en donnent à cœur joie. C’est un régal de les regarder s’amuser autant.
En fin de journée, nous sommes surpris par une pluie diluvienne qui s’abat pendant une bonne heure sur notre campement. Nous parvenons à sauver notre barbecue de la noyade. C’est l’essentiel !
Après le repas du soir, nous entamons une partie folle de Uno. Nous y passons 2 heures jusqu’à ce qu’Apolline qui, soyons honnête, a cumulé un certain nombre de +4 depuis le début du jeu, mette fin à la partie en terminant en beauté dernière avec le score incroyable de 1021 points !! C’est pas beau ça ?
Pour cette nuit, nous proposons à Apolline de dormir avec nous dans notre chambre. Elle accepte avec joie , sa précédente nuit ayant été fort écourtée. Elle pense que des souris ont partagé son lit car elle entendait des couinements lorsqu’elle mettait son oreille en contact avec le matelas. Beurk !! Cette nuit promet donc d’être plus tranquille.
Dimanche 24 novembre 2024
Taipa- Dongi Village / Soleil / 32°
Réveil en douceur ce matin et petite baignade pour commencer la journée. La nuit a été bonne pour tout le monde. La matinée se passe tranquillement entre lecture, ploufs et rangement des sacs car il est déjà l’heure de quitter notre petit paradis. Nous profitons des derniers instants pour prendre quelques photos tous ensemble.
Notre bateau tarde à venir. Aldi nous explique que c’est parce qu’un homme s’est suicidé dans la nuit et que tous les bateaux tentent de retrouver son corps. Un peu glauque quand même.
Le bateau finit par nous récupérer à 13h et nous sommes de retour à la maison vers 14h, l’estomac dans les talons. Tandis que nous nous préparons rapidement à manger, Mama Aldi revient du lac avec Bastien, un nouveau volontaire, français également. Ce médecin de 30 ans fait une pause de 6 mois avant d’entrer de front dans la vie active. C’est bien qu’un nouveau wwofeur arrive car, mardi, nous serons 6 à partir d’un coup. Ça va être dur pour Mama Aldi.
Ce soir, Tutti nous a invité à jouer au Badmington avec elle. On passe une super soirée à taper dans le volant. L’atmosphère est si moite que nous dégoulinons de partout. Tutti joue avec tout son attirail musulman : collant long, manches longues et voile. Elle ne doit être que transpiration là-dessous. Quel courage ! Nous rentrons vers 21h et partons à la douche à la queue leu leu. Plus aucun souci avec la rusticité de la salle de bain. Rien de tel que quelques bonnes pelletées d’eau sur la tête pour se rafraîchir.
Mama Aldi est un peu tristoune ce soir. Elle sait que notre départ approche. Elle s’est beaucoup attachée aux enfants et aimerait bien en garder un ou deux. Elle tente de négocier avec Samuel pour qu’il ne reparte pas en lui promettant monts et merveilles, notamment un mariage rapide avec une jeune indonésienne docile. Mais notre enfant ne cède pas à la tentation. Bravo mon fils !! Je suis fière de toi. Bon, en vérité, il aurait sûrement cédé s’il elle lui avait promis, en plus de la jeune fille, une playstation, des glaces tous les jours, l’arrêt du Cned et un MacDo par semaine…
Je pars me coucher le cœur serré car je sais que cette aventure incroyable en Indonésie va bientôt prendre fin.
C’est une joie de te lire Charlotte !
On pense fort à vous !!
Une joie, une joie, c’est un peu fort non ? c’est quand même un peu répétitif comme scénario. On a été se promener, on a trouvé la cascade, on a mangé des trucs délicieux, gnagnagna, on a dormi, un peu travaillé, et puis le CNED. Marche, cascade, plouf, bouffe, boulot, CNED, dodo. Ca manque quand même un peu de galères et de rebondissements non ? Enfin, j’attends avec impatience la saison 4. J’espère qu’il y a aura plus de serpents, d’araignées, de requins et de bestioles dégueulasses pour mettre un peu de piment !
J avais pris du retard de lecture….mais ça y est , je suis enfin à jour de vos aventures toujours autant incroyables que différentes.
Hâte de lire la suite
Bisous
Quel beau pays !