Samedi 16 novembre 2024
Dongi Village/ Sorowako – Soleil et pluie – 30°
Hier, lors du cours d’anglais à l’école, la prof avec laquelle nous avons bien sympathisé, nous a proposé de la rejoindre pour aller nager avec elle dans le lac ce matin à 6h. Oui, c’est un peu tôt pour nos rythmes européens mais, trop heureux de vivre un nouveau moment avec les locaux, nous mettons notre réveil à 5h30 et sommes prêts à 6h. Enfin, quand je dis « nous », c’est Apolline, Simon et moi, bien entendu. Nino, bien qu’épuisé par son festival de blagues et de jeux avec les enfants la veille, s’est levé aussi mais, par manque de place dans la voiture, s’en retourne heureux dans son lit. 😊
Ce moment est génial. De nombreux habitants sont déjà sur les pontons et nagent avec ou sans lunettes (pour les hommes et les femmes), avec ou sans tee-shirt (pour les hommes), avec voile (pour les femmes). Sans commentaire. C’est le moment sportif de la journée : 500 m de brasse coulée et de crawl. Pas trop violent et tellement agréable. L’eau est à température parfaite.
En sortant, un homme nous aborde tout sourire. Il nous parle de sa vie dans un très bon anglais. La prof d’anglais nous invite à prendre un second petit déjeuner chez elle. Cet homme, qu’elle semble connaître un peu, s’incruste carrément. Nous ne sommes pas très à l’aise avec ce genre de personnages et nous apprendrons par la suite, en en parlant avec Mama Aldi, qu’il s’agit d’un « crocodile », c’est-à-dire un homme qui tente d’attirer les femmes dans leurs filets. Il avait jeté son dévolu sur la jeune Apolline. C’était sans compter sur notre instinct parental qui nous amène à protéger la jeune fille comme si elle était notre fille. Pas touche !
Le petit dej est très sympa et nous faisons encore plus connaissance avec la prof d’anglais. Elle nous sert une spécialité indonésienne, une sorte de porridge à la banane qui a bien du mal à passer dans nos estomacs.
Grosse info surprise : Simon mange à présent de la banane !!! Incredible ! Effectivement, les bananes d’ici ont un goût et une texture un peu différents des nôtres. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis !
Retour à la maison pour entendre depuis le pas de la porte les musiques et sermons du mariage de la veille qui émanent de l’église toute proche. Je ne résiste pas à l’envie d’aller jeter un œil à la robe blanche de la mariée. Nous sommes de nouveau invités à manger avec toute la famille des mariés pour le repas du midi avant de commencer le démontage de la grande tente mais avant de pouvoir aller nous servir, nous devons marquer notre respect pour la famille en défilant sur l’estrade où trônent les mariés et leurs parents. Nous déposons une enveloppe avec un peu de sous dans une boîte et saluons chacun d’un serrage de main et d’un « congratulations » avant d’aller remplir nos assiettes. Point de grande table comme en France. Chacun mange sur ses genoux face à la famille qui nous regarde, elle, sans manger pendant plus 3 heures durant. Pour finir, chacun dépose son assiette sous sa chaise. Elles seront ramassées par la suite. Ok, pourquoi pas.
Les enfants sont à nouveau l’attraction de la journée et tout le monde veut prendre des photos avec eux. Samuel a eu le temps de réfléchir à la situation et, avec philosophie me déclare : « Tu sais maman, finalement je suis ok pour les photos car si je voyais quelqu’un de connu devant moi, moi aussi j’aimerais le prendre en photo pour montrer à mes copains. Ben, là, c’est un peu pareil. » A cet instant, je suis fière de mon doudou chou, j’ai des cœurs dans les yeux .
Après avoir échangé avec une invitée du mariage qui me parle d’un endroit très connu en Indonésie, le village de Toraja. C’est un village où les maisons sont très particulières et le culte aux morts très puissant. Ces derniers sont transportés en procession funéraire jusqu’à une montagne où on dépose leur corps dans une sorte de grotte creusée à même la roche. Hyper bizarre. Elle me raconte aussi qu’il y a un autre endroit dans le village avec des souches d’arbres creusées dans lesquels on place les bébés qui viennent au monde morts-nés. Brrrrr !
Nous faisons ensuite connaissance d’un frère et une sœur avec lesquels Apolline et mois discutons longuement à propos de leur vie, de la nôtre, des difficultés liées au gouvernement, du prix de la vie, de Paris, de leurs rêves … Cette discussion aurait été encore plus enrichissante si nous n’avions pas eu besoin de crier pour parler afin de couvrir la sono du mariage lancée à pleins poumons.
Début d’aprem, tous les invités partent les uns après les autres et nous démarrons le démontage de la tente et des décorations. Le démontage est nettement plus rapide que le montage.
Cependant, Mama Aldi nous incite à arrêter rapidement car elle tient absolument à ce que l’on aille découvrir la plage Butterfly, un peu plus loin. Allez hop, Simon prend le pick up et c’est parti direction un gros plouf !
Le spot est superbe. On prend le temps d’une baignade délassante et reposante après les bruits excessifs du temps du midi. Ca fait un bien fou. Au moment de repartir, le levier de vitesse du pick up lâche et nous voilà en plan. Heureusement, Aldi n’est pas loin et vient rapidement avec le scooter pour effectuer une réparation maison à l’aide d’une sorte de trombone. Ah, qu’il était chouette le temps des voitures mécaniques réparables avec nos propres mains !
A notre retour, le démontage du mariage est terminé et Mama Aldi est en pleine négociation commerciale pour un prochain gros contrat de location.
Une des plus proches amies de Mama Aldi, Tutti, et son filleul, Saran, mangent avec nous ce soir. A l’issue du repas, Tutti et moi nous lançons dans une discussion passionnante à propos de la religion et de la condition de la femme chez les Musulmans. C’est incroyable de pouvoir discuter ainsi à bâtons rompus (et pourtant en anglais) de façon si décomplexée sur nos façons différentes d’envisager la vie. Je la questionne sur le port du foulard, sur l’inégalité homme/femme, sur son statut dans la société. Elle m’explique très simplement qu’elle ne se pose pas de questions car, pour elle, le Coran est le livre de la vérité notamment car il y est question d’une mer qui se sépare en deux et que cette mer existe effectivement. Il s’agit du golfe d’Alaska où, par un phénomène scientifique les deux eaux ne se mélangent pas. Pour cette raison et probablement d’autres dont elle ne m’a pas parlé, elle est certaine que le Coran est la voie du Vrai. Elle n’a donc aucun doute quant au fait de suivre cette voie. Elle porte le voile sans difficulté malgré la chaleur parce que le Coran le dit, elle pratique la prière 5 fois par jour parce que le Coran le dit, elle se soumet à la gente masculine sans broncher parce que le Coran le dit. Le voile est pour elle une protection de la femme face à la « voracité » des hommes, là où pour moi le voile est une négation de la femme. Bref, impossible ici de relater l’entièreté de cette conversation extraordinaire qui me permet de mieux comprendre le point de vue des femmes musulmanes sans le partager.
Tutti et Mama Aldi sont aussi en extase devant Simon car il fait la vaisselle tous les jours et aide à préparer le repas. C’est tellement inattendu qu’un homme fasse ces tâches ménagères que Simon est perçu comme une sorte d’homme idéal. A ce propos, nous avons également une longue discussion passionnante sur l’égalité homme/femme dans le pays. Lorsque les garçons arrivent pour aider à faire la vaisselle la stupéfaction monte encore d’un cran. Autant dire que, même si elle est très attendue par les indonésiennes, l’égalité homme/femme n’est pas prête d’être mise en place en Indonésie !
La soirée se termine par une petite partie de Uno avec Saran avant d’aller nous coucher. Je me sens tellement enrichie par ces échanges de la journée. Notre tour du monde prend vraiment tout son sens.
Dimanche 17 novembre 2024
Dongi Village / Sorowako – Soleil – 30°
Ce matin, Samuel et Adam accompagnent Tutti et Saran à la piscine. Cette piscine n’est pas comme les autres car elle est située dans un environnement magnifique, elle est presque dans la jungle. Les enfants sont ravis.
Pendant ce temps, Simon, Nino et moi, embarqués par Mama Aldi, allons donner un cours d’anglais dans le temple hindouiste de la ville. A notre arrivée au temple, un panneau annonce la couleur : les femmes qui ont leurs menstruations ne peuvent entrer dans ce temple. Sympas les hindouistes ! revient en écho la conversation de la veille avec Tutti. Mais qu’avons-nous fait, nous, les femmes, pour être traitées de la sorte ? Est-ce que les hommes qui ont des hémorroïdes sont aussi exclus des lieux de culte ???
Bref, la féministe en moi n’a pas le temps de refaire le monde, les enfants sont déjà là. Le cours se passe très bien. Simon retrouve ses réflexes de professeur et prend un réel plaisir à enseigner de nouveau, l’anglais qui plus est !
Vers 10h, nous rejoignons les enfants et Tutti nous emmène chez l’un de ses amis qui possède un studio d’enregistrement. On ne sait pas vraiment ce qu’on fait là mais on ne peut s’empêcher de saisir les instruments. L’ami en question nous propose d’enregistrer un morceau de notre choix. Ok, pourquoi pas ! Apolline propose Jimmy de Moriarty et tout le monde adhère. Allez hop, Apolline à la guitare et au chant, Simon au chant, Lolotte au ukulele et au chant, Samuel au cajon, Adam au piano imaginaire et Nino au défilage des paroles sur l’écran du téléphone. Là-dessus un petit coup d’harmonica par le copain de Tutti et c’est dans la boîte. Quelle incroyable expérience, inattendue! Un moment de grâce partagée.
Ce midi, c’est resto pour tout le monde. Mama Aldi nous a dégotté un petit endroit bien sympa où on se régale. Tutti qui veut garder une trace de notre venue me demande de faire un tik tok avec elle. C’est donc sur le PlayBack de « Ma philosophie » de Amel Bent que notre image est gravée à jamais dans les limbes de Tik Tok.
Après le repas, Mama Aldi nous emmène à une nouvelle plage où des crocodiles sont vus régulièrement (et ont même dévoré des gens, gloups !) puis au port de Tiinampoeoe. Nous admirons sur la route des chants entier de plantations de poivres et Mama Aldi nous explique le processus de récolte du poivre.
Tout ce petit monde part ensuite découvrir la cascade Mata Buntu. C’est magnifique ! Ah, les cascades sont magiques. Et nouveau plouf pour tout le monde sauf Tutti qui est blessée et Papa Aldi qui grimpe sur la cascade comme un chamois sans se mouiller
Fin de journée chez la sœur de Mama Aldi. Nous prenons le goûter dans sa « résidence secondaire ». Une vieille baraque de bric et de broc tenant à peine debout mais plantée dans un décor paradisiaque au cœur des rizières face au coucher du soleil.
A 19H, Destan accompagné de sa maman et son frère, passe prendre Samuel pour aller jouer au basket. Simon se décide de suivre son petit Sam pour jouer. C’est une partie de folie qui va durer prêt d’une heure sous les projecteurs du playground en 2 contre 1. Simon revient lessivé et Samuel fin content.
C’est le cœur gonflé d’amitié et les yeux repus de beauté que nous rentrons à la maison pour retrouver Aldi avec lequel nous faisons une nouvelle partie de Uno hilarant avant d’aller nous coucher.
Wao . Magnifique ! J’adore découvrir en même temps toutes les différentes cultures , qui d’ici, changent beaucoup !
Bravo Charlotte et merci pour ces partages si enrichissants
Bonne continuation
Bisous