Lundi 28 octobre 2024
Hanoï – Suoi Mu / Ciel couvert et légère bruine / 21°
8h30 : Départ de la Bodéga en direction des montagnes au Sud d’Hanoï. Nous 5 dans la voiture que nous appellerons Everest, Jer sur sa moto avec Marcel à l’arrière et Liam sur la sienne. C’est parti pour 4 heures de route dont 2h30 d’autoroute. Pas super fun cette première partie d’autant qu’il crachine un peu. Les motards sont bien équipés et ne craignent pas la pluie. Je suis contente que nous ayons fait le choix de la raison en louant la voiture car les routes se révèlent assez dangereuses sur certains tronçons. Simon se débrouille comme un chef au volant s’adaptant parfaitement à la conduite à la mode vietnamienne.
Arrêt repas dans une grande pagode avec de la nourriture locale et, comme de coutume, on se régale.
On repart direction Suoi Mu, un petit village perdu dans les montagnes vietnamiennes. Dès les premières routes escarpées, c’est la claque. Les paysages qui défilent sous nos yeux sont plus beaux les uns que les autres. Rizières en terrasses, champs de maïs et de cannes à sucre, villages traditionnels, rivières, cascades, arbres majestueux et formations karstiques en pains de sucre dévorées par une végétation dense et verdoyante. C’est magique ! Chaque nouveau virage nous en met plein la vue.
Nous croisons également la route de dizaines et de dizaines de chiens et de chiots, aboyant à notre approche ou faisant paisiblement la sieste au beau milieu de la route. A qui appartiennent-ils ? A chaque pas de porte, la « garde » est montée par plusieurs de ces canidés de races différentes. Ils sont si nombreux et doivent se reproduire tellement vite qu’il ne me semble plus si fou d’en faire des nems ou des pâtés. J’entends déjà les cris offusqués des défenseurs de nos amis les bêtes, mais là, franchement, c’est une invasion !
Nous sommes également arrêtés dans notre parcours par la traversées inopinée de buffles imposants conduits par un tout petit bonhomme de 5 ou 6 ans. L’enfant radieux et crasseux conduit vaillamment son troupeau sur la voie principale avec la responsabilité de mener à bon port sa dizaine de bovidés pesant probablement jusqu’à 15 fois son poids ! Voilà qui nous donne matière à réflexion, nous qui avons tendance à mettre nos enfants sous cloche jusqu’à leur majorité au prétexte que n’importe quoi pourrait leur arriver n’importe où et n’importe quand. Une aubaine pour les vendeurs des baguettes magiques 3.0 (#magicsmartphone) !
Nous arrivons vers 15h dans un Homestay dont le concept est, comme son nom l’indique, de partager l’habitat des locaux. Nous sommes ainsi accueillis dans une maison traditionnelle de la région des Muong construite sur pilotis.
Info culturelle : L’ethnie Muong, l’une des 53 minorités ethniques du Vietnam, compte plus d’un million de personnes au Vietnam. Elle peuple les régions montagneuses du Nord, essentiellement dans la province de Hoà Binh et de Thanh Hoa. La maison est, pour eux, l’espace qui protège l’homme de la nature. Celles-ci sont faites entièrement en bois et en bambou, matériaux venus directement des forêts. Initialement prévues pour se prémunir des attaques d’animaux sauvages, ces maisons sont construites sur pilotis, l’espace se trouvant sous le plancher servant d’abri aux animaux domestiques et de basse-cour. Les Muong s’établissent dans des régions certes montagneuses, mais également favorables aux travaux champêtres. Ils y pratiquent la riziculture inondée.
L’emplacement de notre Homestay est incroyable, situé juste au-dessus d’une magnifique cascade dans un environnement rappelant une forêt tropicale. Dès notre arrivée et malgré le temps nuageux, les enfants partent directement s’y baigner.
L’espace de la chambre est un grand dortoir aménagé parfaitement propre et rangé. Des futons ont été installés à même le sol avec des oreillers, des couettes et des moustiquaires pour chacun. Les sanitaires sont également très propres. Ils ont été construits en bambous, matière première inépuisable de ces montagnes. A la fois robuste et esthétique, le bambou est utilisé pour la construction des maisons, l’aménagement des espaces et le feu.
Nous nous sentons immédiatement chez nous et sommes ravis de savoir que nous allons y séjourner deux nuits car le lieu se prête au repos et à la méditation (malgré le bruit intense et constant de la cascade).
Dans une un pièce adjacente à la chambre se trouve la cuisine. Ici, ni table ni chaise ni plan de travail d’aucune sorte. Toutes les préparation se font dans des plats à même le sol et la cuisson au feu de bois a lieu directement dans la cheminée.
Notre arrivée en début d’après-midi permet à certains de faire une petite sieste. Simon et moi utilisons ce temps pour organiser notre prochain trip vietnamien. Nous avons décidé de refaire un tour sur la baie d’Ha Long que nous n’avons qu’entr’aperçu lors de notre virée à Quan Lan. Nous voulons y passer un peu plus de temps et avons choisi de profiter d’une journée entière en bateau. On essaie de choisir la proposition la plus éloignée des zones ultra touristiques. On verra ce que cette excursion nous réserve. Puis nous prévoyons d’aller à Ninh Binh, appelée également Ha Long terrestre. C’est aussi une destination très touristique mais qui a l’air tellement intéressante et belle que nous ne souhaitions pas partir du Vietnam sans être allés y jeter un œil. On cale les transports et les logements pour être plus tranquilles dans les prochains jours. Le temps consacré à l’anticipation et l’organisation de notre séjour n’est pas négligeable.
Nous profitons de la dernière heure de jour pour aller faire un petit tour dans le village et y rencontrons quelques habitants ainsi que de nombreux chiens (encore et encore), poulets, coqs, buffles et autres canards et oies. Le dîner est constitué de plats vietnamiens : omelette (trung trang), soupe de nouilles de riz (pho), poisson grillé (cha ca,) bouillons, légumes bouillis (rau), porc caramélisé (bun cha), poulet frit (ga ran), rouleaux de printemps (pho cuon), nems et riz évidemment (com)… On se régale ! Pas facile de communiquer avec les locaux car ils ne parlent pas du tout anglais. Heureusement, Jer sert de traducteur quand nous souhaitons poser des questions ou commander une nouvelle portion de riz. 😊
Je sais maintenant compter jusqu’à 10 en vietnamien et nous connaissons les mots de politesse de base ainsi que le nom des plats principaux locaux. Simon a, quant à lui, atteint un niveau supérieur en intégrant rapidement le mot « bia » (bière) à son vocabulaire. La base quoi !
Grosse partie de Uno en soirée. On s’amuse comme des petits fous. On finit par aller se coucher chacun sur son futon. Bonne nuit les petits !
Mardi 29 octobre 2024
Suoi Mu / Ciel couvert / 22°
La nuit a été parfaite malgré le grondement incessant de la cascade voisine. Le gros avantage est que le bruit dépasse celui des ronflements des hommes. Très utile pour moi, seule femme parmi cette débandade de testostérone !
Au petit déjeuner, nous avons le droit à un Pho pour les amateurs et, pour les autres, c’est crêpes partie ! Servies avec du miel, du sucre et des bananes, les crêpes ou pancakes font aussi partie des plats traditionnels du pays (Banh Xeo).
Petite promenade à pieds en matinée pour aller découvrir une cascade dans les hauteurs. On ne résiste pas à l’envie d’aller faire un plouf et nous voilà tous les 7 (Liam est resté au Homestay) à nous amuser dans l’eau. Un beau moment de plaisir partagé.
Délicieux repas du midi au Homestay.
Dans l’après-midi, on reprend nos véhicules pour aller faire un tour plus loin dans la montage et atteindre une autre cascade remarquable. Le temps est toujours nuageux mais plus de pluie annoncée.
J’ai très envie d’aller sur la moto mais j’hésite. J’ai toujours eu très peur de cet engin que je considère comme ultra dangereux. Je n’arrive pas à vaincre mon appréhension et décide d’opter pour le confort rassurant de la voiture. Simon, lui, n’a pas le choix, il est le seul conducteur d’Everest donc ce sera voiture aussi. Cependant, ayant peu l’occasion de conduire un 4×4, qui plus est en mode Enduro, il s’éclate au pilotage. Les enfants, quant à eux, ne montrent pas d’engouement particulier pour la moto. Même Marcel demande à monter avec nous en voiture à un moment car il est fatigué.
Cette nouvelle cascade a vraiment une forme incroyable. Un enchainement de paliers arrondis par l’usure de l’eau. C’est très beau. Les enfants partent s’y baigner tout de suite. Les parents restent au bord cette fois.
Retour par les rizières. Magnifique !
On est heureux de retrouver le confort simple de notre Homestay pour une dernière nuit dans cette environnement blindé d’ions négatifs.
Mercredi 30 octobre 2024
Suoi Mu – Hang Kia / Nuages / 25°
Réveil sous un ciel parsemé de nuages. Nous partons de bonne heure car nous avons de la route à faire pour atteindre notre second logement. Le Homestay nous coûte 3,8 millions de dongs soit 140 €. C’est un prix plus que raisonnable pour 2 nuits, 3 repas et 2 petits déjeuners pour 5 personnes !
Ce matin, c’est décidé, je pars avec Jer en moto. J’ai envie de tout essayer dans cette vie. Ce serait dommage de ne pas profiter de cette opportunité qui s’offre à moi. Petit casque qui va bien et hop, on enfourche le bolide pour une première heure de balade dans la montagne. Je ne bougerai plus de la moto jusqu’à la fin du périple.
Quelle révélation ! L’environnement majestueux du paysage, la confiance aveugle en la conduite de Jer et le contexte confortable de notre année sabbatique sont des éléments qui contribuent grandement à mon lâcher-prise mais il s’agit d’autre chose. Comment décrire mes émotions durant ces heures de moto ? Du plaisir évidemment dû à une sensation de liberté, de vitesse, de glisse. Un état de pleine conscience constant, un émerveillement de chaque instant, une sorte de plénitude.
Je comprends à présent ces motards qui choisissent de voyager léger mais loin avec une monture qu’ils ont soigneusement choisie et préparée. Il y a quelque chose de magique dans ce mode de déplacement.
Je me réjouis à l’idée de voir comment Simon va réussir à passer sans encombre les routes défoncées traversées aisément par notre bécane. Je goûte chaque minute de cette chevauchée fantastique pour admirer les paysages et me remplir de nature.
Malheureusement, nous n’avons pas fait beaucoup de stops pour prendre des photos de notre périple privilégiant les souvenirs aux traces matérielles. Mais que de souvenirs ! Par ailleurs, il s’avère que nos photos sont très décevantes et ne rendent pas du tout ce que nous voyons. Désolée donc pour la médiocre retranscription imagée de notre aventure.
Samuel qui ne se sent pas très bien dans la voiture, décide lui aussi de tenter l’expérience moto et, sans grande surprise, il adore ! Ce jeune garçon fan de Formule 1, cherchant à aller plus vite que le Faucon Millénium avec le vieux vélo crevé de 18 pouces et rêvant de construire une piste de kart dans le jardin, fait à présent l’expérience de la vitesse et de la glisse dans un paysage grandiose accroché à l’arrière de la moto toute neuve de Liam. Selon ses termes il « surkiffe, c’est trop benger, c’est du poulet ! ». Difficile à décoder précisément mais on a saisi le sens global.
Nous arrivons vers 15h à notre second Homestay à Hang Kia. Même conception typique sur pilotis, même confort, même propreté. Pas de cascade cette fois mais une soirée incroyable passée avec de jeunes danseurs et danseuses en tenue traditionnelle. Simon et moi ne résistons pas à l’appel de la musique et suivons avec joie les pas que nous apprennent les enfants. Même Nino finit par nous rejoindre pour une ronde endiablée autour du feu de camp. Super moment de partage !
Jeudi 31 octobre 2024
Hang Kia – Hanoï / Soleil / 28°
Après une nuit excellente, réveil tranquille. Il est temps de repartir vers Hanoï par des chemins de traverse. Avant de reprendre la route, une jeune journaliste, en plein documentaire sur notre Homestay demande à Jer si on veut bien dire un mot en tant que touristes sur l’accueil qui nous a été réservé. Sans me demander mon avis (mais commençant à me connaître), Jer répond positivement à ma place et me voilà soumise à un bref interrogatoire à propos de notre séjour. Deux pays et déjà deux interviews ! Célébrité nous voilà ! 😊
Il est près de 9h30 quand nous reprenons le chemin des montagnes pour cette dernière journée de road trip. Je ne quitte plus la moto de Jer. C’est vraiment trop plaisant ! Les paysages sous le soleil sont encore plus splendides que la veille.
Retour vers 16h30 à la Bodéga. On nettoie la voiture qui est dans un état lamentable après être passé dans des chemins plus boueux et abimés les uns que les autres. Etape nécessaire avant sa restitution. Soirée rouleaux de printemps home made.
Vendredi 1er novembre 2024
Hanoï / Soleil / 32°
Aujourd’hui, il est temps de rattraper le retard pris sur le CNED. Samuel s’y met à fond matin et après-midi.
Adam est suffisamment avancé dans son travail pour s’octroyer une virée escalade avec Simon dans une nouvelle salle de blocs de la capitale VietClimb. Simon s’amuse maintenant à utiliser le scooter dans la ville. Plus d’inquiétude pour traverser les routes ou se faufiler dans la circulation dense. Adam passe un super moment car la salle est très chouette et bien équipée.
Dans l’après-midi, c’est chantier peinture pour les 3 wwoofers. Jer a construit des « Tours Eiffel » qu’il souhaite installer dans sa pizzéria et a besoin de les protéger du soleil et de la pluie. On s’active donc pour l’aider au maximum dans ce projet.
On fait également une grosse tournée de lessive, histoire d’être prêts à repartir en début de semaine.
Soirée tous les 5. On retourne au Bia Hoi, petit restaurant de rue (avec la jeune fille qui en pince pour Nino). Personne avec nous pour traduire mais le patron et la jeune fille nous reconnaissent et nous accueillent avec patience et gentillesse pour prendre notre commande.
Samuel n’est toujours pas fan de la nourriture vietnamienne. On lui commande donc des frites et des nouilles. Aie, aie, aie ! Pour l’équilibre alimentaire on repassera !
Samedi 2 novembre 2024
Hanoï / Soleil / 32°
Jer et Liam partent pour un tournoi de Rugby. Simon est bien tenté de les accompagner mais la peur d’un trauma crânien ou de côtes fracturées ont raison de sa folie passagère. Nous terminons donc le chantier peinture mis en stand by la veille à cause de la nuit tombante.
Les deux jeunes, quant à eux, poursuivent leur CNED.
Dans l’après-midi, nous préparons nos bagages pour partir dès le lendemain pour l’île de Catba.
Aujourd’hui, nous mangeons Bodéga : bruschetta le midi et pizza et spaghettis le soir ! La météo ne s’annonce pas belle pour notre virée. Beaucoup de pluie est prévue pour les prochains jours. Il ne nous reste qu’à croiser les doigts et à compter sur notre bonne étoile pour que notre virée dans la Baie de Ha Long ne bascule pas vers une croisière en mode Arche de Noé.
Bravo Charlotte pour ton écriture . Une envie folle de vous rejoindre maintenant m’envahit !! De belles aventures vous attendent et hâte de vous lire prochainement !!