Lundi 23 septembre 2024
Breiedal / Grisaille / 14°
On va devoir sortir les muscles ce matin avec Nino car un big boulot de wwoof nous attend mais on ne le sait pas encore. En effet, tandis que Simon part avec le quad (ouah, le mec !) pour aller récupérer des branches et démarrer la construction du poulailler, Inger Toril nous charge Nino et moi de récupérer les câbles électriques et les piquets clôturant l’espace dédié aux vaches. Ayant été déplacé plus bas pour l’hiver, Inger Toril souhaite récupérer le matériel afin de pouvoir créer une autre délimitation du côté de Breidal.
Dans les faits, ce n’est pas compliqué : l’un de nous doit récupérer le câble sur un enrouleur manuel tandis que l’autre récupère les piquets. Easy !
9h30 : Les 30 premières minutes sont faciles. Nous sommes sur une route en cailloux et nous sommes peu chargés. Mais peu à peu nous commençons à nous enfoncer dans la forêt et là, ça devient plus fastidieux voire périlleux (on vit dangereusement !). Mes bottes en 34 s’enfoncent dans la grosse bouillasse, nous devons enjamber des petits ruisseaux et des énoooormes bouses, nous faufiler parmi les branchages, les orties et les ronces et surtout, nous arrivons au bout de notre enrouleur.
10h : Ce qui nous paraissait initialement une promenade de santé s’annonce nettement plus complexe. Nous devons nous rendre à l’évidence : nous allons y passer la matinée. On décide de poser l’enrouleur plein à nos pieds et de suivre le câble qui, si on a bien compris, devrait nous ramener à notre point de départ. On croirait Thésée dans le labyrinthe de Dédale.
11h : Ouf, nous voici de retour à la grange (#MerciAriane). Pour plus de précaution, nous décidons de prendre 2 enrouleurs vides et c’est reparti dans l’autre sens. Je vous passe les détails de l’heure qui suit mais, pour la faire courte, je m’englue dans la gadoue et suis à deux doigts (de pieds) de perdre mes bottes, on s’engueule avec Nino qui trouve que je n’ai pas d’humour (et c’est vrai qu’il il n’a pas tort car je râle sans arrêt), on se fait la gueule, on se réconcilie et on décide de parler des prochaines séries animées qu’il va regarder (histoire de ne pas penser qu’on est peut-être perdus quelque part dans une forêt où rodent d’énormes élans).
13h : On a terminé le boulot ! Au total, 5 bobines complètes de câbles et une centaine de piquets ! On est rincés mais toujours en vie !!! On retrouve Simon qui se la coule douce à créer le mignon petit poulailler dans la grange de Breiedal. Bon, ok, il a super bien bossé mais on est trop crevés pour admirer le boulot, désolés.
16h : Dîner à Breiedal avec des croque-monsieur/salade, petite innovation norvégienne avec une version saumon. On passe un super moment. Eiril reste avec nous pour jouer tandis que sa maman et son frère ont d’autres obligations. C’est chouette car elle apprécie beaucoup passer du temps avec les enfants (surtout avec Samuel) alors qu’ils n’arrivent quasiment pas à communiquer à l’oral. Comme quoi, on peut réussir à se comprendre et à créer du lien même sans se parler.
19H30 : Eiril repart chez elle et nous décidons d’aller tranquillement nous reposer car le dodo de cette nuit est largement mérité.
Mardi 24 septembre 2024
Breiedal/ Pluie / 13°
Alors ce CNED, où en est-on?
Ce matin, Sam et Adam ont la chance d’avoir un temps de soutien scolaire à distance avec leur Mamou! J’en profite pour abandonner une heure Nino et Simon qui poursuivent la construction du poulailler intérieur et me plonger sur la question des devoirs.
Je me rends compte qu’il ne va pas falloir chômer. Adam a 44 devoirs à rendre sur toute l’année. Ca me semble faisable et, connaissant Adam et son sérieux, je suis certaine qu’il saura gérer son organisation. Pour Samuel c’est un peu différent. Il a 75 devoirs à rendre dans l’année. Pour pouvoir avoir une vision d’ensemble, je crée un sublimissime tableau Excel (#ExcelBFF). En fait, c’est énorme ! Cela représente entre 2 à 3 devoirs par semaine, chaque semaine sans vacances jusque fin mai. Il va falloir réussir à garder une motivation sans faille pour parvenir à tenir le rythme. Pour le moment Samuel est très sérieux mais est-ce que ça tiendra dans la durée? Il faudra peut-être alors que j’utilise la technique de la carotte du retour comme une soirée tacos avec nos amis de randonnée, une soirée Koh Lanta avec les Bibi, une soirée crêpe avec les cousins, 10 paquets de chewing-gum, le poster de Stephen Curry au format abribus, un chapeau de paille de qualité, la série Fallout, une manette de Playstation (non,non, quand même pas !)… Bref, va falloir être inventif !
Pour le dîner de 16h, nous sommes invités par nos hôtes à un repas spaghettis bolognaise avec la viande de leur vache. C’est un régal pour les papilles mais aussi pour le cœur. Je ne saurai décrire concrètement le plaisir que nous avons à passer du temps avec eux. Ce sont des gens simples et généreux, avec un emploi du temps surchargé et qui prennent quand même le temps d’être là pour nous. Je ne sais si c’est notre anglais qui s’améliore ou si c’est tout simplement l’envie de spontanéité qui prend le dessus mais la communication est plus fluide et nous rions beaucoup. C’est un vrai plaisir de partager ces temps ensemble. Nous savons que nous partons bientôt, presque juste au moment où nous commençons à nous apprivoiser. C’est à la fois regrettable et préférable.
Regrettable car nous sentons que cette famille nous ressemble, partage nos valeurs, notre enthousiasme pour la découverte de l’autre, l’ouverture vers l’inconnu. Regrettable aussi car les enfants commencent tout juste leurs relations et auraient gagné beaucoup à rester encore un peu. Regrettable enfin car on se sent bien à Breiedal et que nous pourrions sans souci y rester beaucoup plus longtemps afin de pouvoir aider Inger Toril dans tous ses projets.
Mais néanmoins préférable car nous savons qu’il y a peu de chance pour que nous nous revoyons à l’avenir, car rester trop longtemps créerait nécessairement un attachement qui serait douloureux à rompre, car cette merveilleuse expérience nous donne soif de découvrir d’autres familles, d’autres cultures, d’autres projets.
Bref, on part dans 4 jours. Tant pis, tant mieux.
Retour vers 18h30 à la maison pour une soirée tranquille. Nino passe ses soirées à lire des pages de règles du jeu (on est d’accord, il est vraiment spécial cet enfant!), Samuel et Adam regardent la saison 3 de Strangers Things avec délectation et Simon et moi avons commencé la gentillette série « Emilie in Paris ». C’est pas mal mais on préfère nettement la série « Emilie in Argoeuves » (#MilieBFF) même s’il y a nettement moins de scènes de … cuisine.
Allez, encore un gros dodo moelleux ce soir. On pense fort à la Picardie car il aura plu toute la journée.
Mercredi 25 septembre 2024
Breiedal / Pluie / 15°
Cette journée démarre de façon assez inhabituelle. Sur la sollicitation d’Inger Toril, nous rencontrons un journaliste d’un hebdomadaire local. Elle nous avait expliqué quelques jours plus tôt que le gouvernement de Norvège était en train d’étudier un nouveau projet de loi afin de mieux contrôler l’activité des Wwoofers. Ils ont apparemment peur des abus et du travail déguisé. Elle souhaite donc médiatiser notre projet familial auprès du grand public et des autorités gouvernementales pour essayer de plaider en faveur de l’intérêt de ce dispositif. Ainsi, nous expliquons au journaliste que le Wwoofing est un programme gagnant-gagnant où hôtes comme Wwoofers sortent grandis. Ce n’est pas juste un échange d’heures de travail contre hébergement et repas, c’est avant tout une rencontre, un échange, un partage. Nous passons 1h30 avec Geir Norling qui nous parle aussi énormément de ses voyages et de sa famille qui vit en Thaïlande. L’interview se termine par une séance photo sous la pluie qui ne discontinue pas.
Il est déjà 10h30 quand le journaliste quitte Breie. Il est plus que temps de démarrer notre travail. Aujourd’hui, on termine le poulailler et on construit un perchoir pour les poules. De leur côté, Adam et Samuel avancent bien sur leurs cours. Cette semaine, ils doivent rendre leurs premiers devoirs. Un peu de pression.
16h30 : RV à Breie pour le dîner. Inger Toril a préparé un plat typique (dont on ne se souvient plus du nom). Il s’agit de boules de pommes de terre à la farine servies avec du brown cheese au goût de caramel. Nino, Simon et Adam apprécient le plat. Pour Samuel et moi c’est plus difficile. Nous dirons que c’est intéressant mais pas au point d’en reprendre. 🙂 En dessert, Herman nous fait l’honneur de nous préparer de vraies gaufres norvégiennes, les Waffles. Trop bon !
Tandis que Simon et Adam partent pour une session d’escalade à Fagerness, Nino, Samuel et moi rentrons à Breiedal et en profitons pour regarder « Jumanji, next level ! » Je recommande pour les soirées où vous voulez poser votre cerveau.
Jeudi 26 septembre 2024
Breiedal / Soleil / 14°
Je reste un peu avec Samuel ce matin pour l’aider à la réalisation et à l’envoi de son devoir d’arts plastiques et démarrer son devoir de français. Pendant ce temps, Simon et Nino font plusieurs réparations de matériel dans la grange et aménagent le poulailler pour le déménagement des poules dans la soirée. Petite anecdote qui ne sent pas la rose : en travaillant, Simon fait malencontreusement tomber un outil dans les bas-fonds de la grange. Impossible de le récupérer en tendant le bras. Il va falloir aller en-dessous mais, d’après Kare, il faudra nager dans la m… de vache. Crotte de cow ! Simon est prêt à tout mais avant de revêtir son maillot de bain, il tente la technique « pêche » avec une branche et un clou. Miracle ! Il arrive on ne sait comment à récupérer l’outil. Dommage ! On aurait tant aimé assister au retour du nageur crotté !
18h : Repas à Breiedal avec toute la famille. On a préparé une délicieuse ratatouille à la française avec du riz et une omelette faite avec les oeufs des poules de la ferme et notre fameux gâteaux au yahourt à la cannelle. Toute la famille semble beaucoup apprécier notre ratatouille même si l’apparence est très différente de celle du célèbre dessin animé.
19h30 : Expédition nocturne vers le poulailler extérieur pour déménager toute la troupe (7 poules et un coq) vers le nouveau poulailler que nous avons créé dans la grange. Samuel revêt une combinaison de travail et nous accompagne avec sa Gopro.
Le transfert se fait facilement. Inger Toril est ravie par ce que nous avons construit et nous sommes ravis que notre travail soit investi le jour même. Tout se passe bien et notre basse-cour prend ses quartiers avec joie.
Vendredi 27 septembre 2024
Breiedal / Soleil et nuages / 16°
On s’attaque au dernier gros chantier : le rangement et le nettoyage de la scierie remplie de bastaings, de planches et de morceaux de bois en tout genre. Je suis dépitée. Moi qui cherche désespérément à Amiens des planches pour pourvoir terminer notre jolie palissade, il y a sous nos yeux des centaines de planches qui vont partir à la broyeuse pour en faire du feu. Snif ! C’est trop dommage mais évidemment impossible de rapporter ça à la maison.
Nous bossons comme des ânes et, trois heures plus tard, le chantier est terminé. Inger Toril est super contente car cela faisait plusieurs années qu’elle souhaitait nettoyer cet espace sans trouver le temps ou l’énergie.
Avant de faire la pause lunch du midi, on réalise notre dernière mission de wwoofeurs : descendre le petit veau malade de Breie à Breiedal dans la remorque pour qu’il puisse rejoindre le troupeau. On ne connait toujours pas le sort de Eeyore mais on espère qu’il pourra continuer à vivre.
Dans l’après-midi, je reprends le devoir de français avec Samuel. C’est assez difficile ce que le CNED demande et nous passons un long moment tous les deux pour boucler le devoir.
Ensuite vient le temps de la préparation des sacs. Moment difficile pour moi mais réjouissant pour Simon qui est heureux de partir vers de nouvelles aventures.
18h : On monte à Breie pour partager notre dernier repas tous ensemble. Kåre monte, le temps de prendre la photo automatique du séjour. C’est chouette ! Aujourd’hui, c’est Friday tacos et on se régale !! On a de la chance de partager ces moments privilégiés avec nos hôtes. Toute la famille est très attentive et nous avons réussi en très peu de temps à construire un lien de proximité. Je propose à Herman de réaliser en direct un gâteau au yahourt. Nous restons avec nos hôtes le temps de la cuisson car ils nous invitent à le partager. Le gâteau est délicieux accompagné d’une glace au cassis. Cette dernière soirée est vraiment super. Tout le monde semble content d’être là. Les enfants sont ravis de ces moments de partage et Samuel commence à trouver ses marques avec la jeune Eiril avec laquelle il parle un peu anglais.
Nous avons du mal à les quitter car nous savons que demain est le jour de notre départ. Snif ! Nous redescendons à Breiedal et allons nourrir le petit veau pour la dernière fois.
Samedi 28 septembre 2024
Breiedal – Gol / Solei / 13°
Ce matin, comme pour saluer notre départ, les premiers flocons de neige de ce nouvel hiver tombent doucement sur notre terrasse. C’est super joli. Nous passons la matinée à terminer nos sacs, à faire du rangement et du ménage dans la maison de Kåre. Frederik et Alfred passent nous dire au revoir avant d’aller à un match de football.
Et c’est l’heure du départ. Simon, Nino et Adam partent devant car n’ayant qu’une voiture nous devons faire deux aller-retour jusqu’à notre arrêt de bus. Inger Toril descend avec Herman et Eiril qui veut nous accompagner. On dit au revoir et un grand merci à Kåre qui nous a accueilli à bras ouverts dans sa maison. Pas facile de passer d’une vie solitaire à un grand bazar avec 5 personnes chez soi qui mangent en décalé. Bravo à lui !
Au revoir aussi à Herman, jeune homme sociable et passionné, qui se serait formidablement bien entendu avec Adam si notre séjour avait duré un peu plus longtemps. Au revoir à la jeune Eiril et à son sourire malicieux. Et évidemment au revoir et merci pour tout à Inger Toril qui nous a accepté sur le site du wwoofing sans nous connaître. Pas simple d’accueillir une famille au grand complet quand on est déjà 5 à la maison. Merci pour sa confiance, son enthousiasme, sa simplicité et son cœur immense. Quelques larmes ont coulé lors de nos embrassades. Nous avions l’impression de nous connaître alors que cela ne faisait que 3 semaines.
12h : Départ du bus. 3 heures de bus en tout mais tout se passe bien
16h : Arrivée à l’aéroport d’Oslo et récupération de notre véhicule 9 places.
17h : Départ pour Gol.
Cette fois, c’est vraiment la fin de cette première merveilleuse expérience de wwoofing.
*Traduction du titre pour celles et ceux qui n’auraient pas eu le courage d’aller chercher la traduction sur internet (#feignasses): « Suite et fin du wwoofing norvégien ».
Hello 🙂
Mais où trouves-tu encore le courage d’écrire tout ça après ces intenses journées de travail ! 😁
Je pense qu’on veut tous savoir ce qu’est devenu le petit veau!
Et c’est une bonne chose que Simon ne soit pas descendu dans la fosse parce que je me demande si les vapeurs se sont pas toxiques…. Sans blague !😬
En route pour rejoindre quelle aventure maintenant ?
Bonjour à vous !
Quel plaisir de vous lire et d’avoir de vos nouvelles. Charlotte, tu as une magnifique plume qui donne l’envie d’en lire toujours plus ! Je vais attendre les prochains mardis avec grande impatience 🙂
Et pendant que tu écris, que fait Simon de son temps libre ? J’espère qu’il en profite pour s’intéresser aux sujets qui l’occupaient auparavant : le handicap et l’inclusion dans le milieu scolaire (la Norvège a beaucoup d’avance sur la France !). Ou peut-être qu’il me prépare une liste des meilleures brasseries artisanales du pays ? (Ça ne parait pas comme ça, mais les norvégiens consomment beaucoup plus de bières que les français)
Profitez bien de la suite de votre magnifique aventure !
Assez flattée par la référence à la série « Emilie in Argoeuves » dont la pauvreté du scénario se résume actuellement à la routine automnale de la protagonniste (doliprane / mouchoir / tisane / sachet de lavande / bouillotte / doliprane), je vous conseille tout de même d’entamer un autre opus que les pérégrinations de mon homonyme décérébrée dans la capitale gauloise. Aussi voici quelques références de séries féministes qui vous permettront à la fois d’oeuvrer de votre canapé à la déconstruction du patriarcat tout en travaillant votre anglais :
– The Handmaid’s Tale (je vous vous envoyer quelques saisons en téléchargement)
– Maid (sur Netflix)
– Big little lies
Bisous
NB : J’espère que le petit veau va mieux.