Lundi 26 mai 2025
Porterville – Séquoia National Parc / Soleil / 18°
Merci Walmart pour ton accueil ! Et hop, de nouveau sur la route.
Ce trajet aurait pu être torché en une grosse heure mais c’était sans compter notre imposant ami Gargui dont les dimensions ne plaisent pas à tous les chemins. Arrivés devant la guérite d’entrée du parc de Séquoia, la Ranger nous fait remarquer que notre van est trop long pour poursuivre cette route. Dépités, on décide d’aller confirmer cela au Visitor Center. Même rengaine ici aussi : effectivement, les véhicules de plus de 22 pieds sont fortement déconseillés car les prochains kilomètres se font en montagne avec de nombreux virages en épingle. Gargui fait 26 pieds, trop long, trop dangereux ! Nous ne voulons prendre aucun risque. On fait donc demi-tour et c’est reparti pour trois heures de route supplémentaires pour contourner la montagne. Simon reste zen. Il commence à bien maîtriser le monstre mais ne se sentait pas de rouler dans des lacets à haute altitude. Comme je le comprends !
Nous finissons par arriver à notre camping de Séquoia vers 14 h. Notre spot est trop mignon et nous décidons de faire une pause et de manger avant de partir randonner.
L’après midi : petite rando jusqu’à une magnifique cascade, la Takapoh Falls. Le paysage forestier nous change des zones désertiques de ces dernières semaines. C’est magnifique et l’odeur de la pinède nous suit tout du long.
Soirée tranquille. Tout le monde fait du feu autour de nous. Incroyable. Alors qu’il y a tant de feux de forêt ici, des aiguilles et des pommes de pin bien sèches hautement inflammables, ça ne pose aucun problème . Au contraire, c’est une pratique qui semble ancrée dans la vie des parcs. Je suis jalouse. J’adore les feux de camps. Promis, demain nous aussi on en fait un !
Il y a de gros box métalliques de stockage sur chaque emplacement de parking. Ils servent à enfermer hermétiquement tout ce qui pourrait sentir la nourriture. En effet, les ours sont très familiers de ce territoire et n’hésitent pas à s’approcher pour venir grappiller tout ce qui chatouille leurs narines. J’aimerais trop voir un ours sauvage !
Mardi 27 mai 2025
Sequoia National Parc / Soleil /18°
La nuit a été parfaite. Légèrement fraîche, sans aucun bruit. Malheureusement, nous n’avons pas vu d’ours trainer dans le coin. Nous laissons les garçons dormir un peu ce matin. Nous n’avons aucune urgence puisque nous restons dans le camping ce soir encore. Simon installe le petit déjeuner sur la table de pique-nique extérieure et, caressés par les rayons du soleil naissant, nous avalons goulûment nos tartines de pâte chocolatée. Temps de calme méditatif. Il ne nous reste que quelques jours à profiter du camping-car et de cette vie de bohême. Comme le temps passe vite…
Vers 10h, tout le monde est fin prêt pour notre randonnée journalière, une belle balade au cœur du parc. Les arbres autour de nous sont des Séquoias de plusieurs centaines / milliers d’années. Ils sont énormes et majestueux.
Une fois de plus, dès qu’on s’éloigne des endroits faciles d’accès en voiture, il n’y a plus âme qui vive. On marche donc seuls la majorité du temps. Ça réjouit particulièrement Samuel qui adore rester à l’arrière du peloton pour se faire des films. En ce moment, il est focus sur les films Star Wars. Il trouve des morceaux de bois le long du chemin et les transforme en sabre laser, de derrière chaque arbre surgissent des ennemis Sith qu’il combat avec courage, les rochers deviennent des droïdes amis avec qui il partage ses victoires, le souffle du vent se fait Force et la poussière du chemin Atmosphère de Tatooine. C’est, pour mon cœur de mère et de vieille bique réfractaire à l’usage délirant des écrans, une joie immense de l’observer du coin de l’œil. ☺️
Les sandwichs et les chips sont avalés dans un petit spot mignon le long d’un fragile cours d’eau caché sous des plantes verdoyantes.
La fin de la balade nous conduit au Moro Rock, un rocher démentiel surplombant la grande vallée de Séquoia. Marches à n’en plus finir pour atteindre le sommet, sensation de vide et de vertige penchés au-dessus de la barrière de protection, caresse de l’immensité sur nos visages ébahis, couleur de neige au sommet des montagnes toutes proches, grisailles des troncs grignotés par le feu.
Info nature : Le feu n’est pas un ennemi des Séquoias, au contraire. Des bourgeons émergent des cendres des séquoias de Californie touchés par les incendies ravageurs, suggérant que ces arbres sont plus résilients aux feux de forêt que prévu. Une étude révèle en effet que ces arbres utilisent d’anciennes réserves de carbone pour favoriser une nouvelle croissance. Par ailleurs, les incendies ont une fonction de nettoyage en redonnant de la clarté aux forêts permettant ainsi aux nouvelles plantes d’accéder facilement à la lumière du soleil qui favorisera leur croissance.
On est vraiment bien peu de chose face à cette population millénaire capable de survivre aux pires menaces.
On retrouve Gargui pour le goûter et une bonne douche. Ici, pour protéger les ressources en eau, les douches sont payantes (1$) et dure 3 minutes top chrono. Je songe sérieusement à installer un système identique à la maison dans la douche des garçons en rentrant.
Sam et Simon partent en quête de bois et nous allumons notre propre feu . Que c’est bon ! Je sors mon Ukulele et je gratouille un peu devant le foyer. Pendant ce temps, Sam et Adam répètent la chorégraphie d’une bagarre au sabre laser qu’ils ont inventé, Nino bouquine et Simon réfléchit à la suite du programme. Une petite partie d’échecs par ci, une bataille de morpion par là, une discussion sur le génie de Christopher Nolan, un débat sur les goûts musicaux des uns et des autres et le temps file tout en douceur.
La soirée est belle et nous avons du mal à quitter les flammes agréables du foyer. Nous ne partons manger qu’une fois le feu éteint. Il est déjà tard quand on termine la vaisselle. Ce soir, pas de film, on va vite se coucher des images d’arbres gigantesques plein les yeux.
Mercredi 27 mai 2025
Sequoia – Yosemite / soleil / 22°
Décollage du Campground de Séquoia vers 9h. On profite du peu de monde dans le parc pour aller faire une petite randonnée du côté de la zone de King’s Canyon. Nous profitons du parc au maximum car nous ne souhaitons pas arriver trop tôt sur notre spot de nuit qui nous rapprochera de Yosemite. Mais, finalement, la randonnée est assez courte et nous prenons vite la route.
Petit arrêt pique-nique et essence à Fresno. La recherche d’une station essence à des prix corrects devient un challenge important en se rapprochant de la côte. Les tarifs peuvent doubler d’une station à l’autre et d’un jour à l’autre. On passe de 2,99 $ le gallon à 6 $ selon la station. Heureusement, mon ami Google Map me sort de ce mauvais pas en m’indiquant les prix. On s’en sort plutôt bien même si Gargui, en avalant les kilomètres, réclame à boire bien trop souvent à notre goût.
En faisant quelques recherches sur internet, on ne parvient pas à trouver des informations très claires quant aux restrictions de route pour les gros et grands camping-cars dans le parc de Yosemite. On a un peu peur de se retrouver coincés devant un pont ou dans un virage en épingle. Simon reprend donc la route rapidement après le repas et entame une course contre la montre pour qu’on puisse arriver avant 17h, heure de fermeture du Visitor Center de Yosemite, afin d’obtenir toutes les informations nécessaires à la suite de notre périple.
Il me jette (littéralement) sur le parking à 16h56 et c’est en soufflant comme un bœuf après avoir piqué mon meilleur 100 mètres, que j’arrive devant la Ranger en train de fermer boutique. Armée de mon plus beau sourire, je lui pose en vrac et dans un anglais déplorable, toutes les questions relatives aux points importants pour nous. Devant mon lamentable état, elle a pitié et me donne gentiment toutes les infos attendues. Merci Ranger !
Bon, pas de souci au niveau des routes. Génial ! On pourra donc aller se garer comme prévu à El Portal ce soir. C’est le village le plus proche en dehors du parc. En effet, il est interdit de dormir dans son véhicule à l’intérieur du parc hormis dans les campgrounds. Or, les réservations de ces campings sont complets près d’un an à l’avance. Autant dire qu’on n’était pas près d’avoir une place.
Il nous reste du temps avant d’aller nous poser pour la nuit. Nous décidons d’aller découvrir quelques endroits proches et choisissons, comme première balade, le point de vue sur la Yosemite Fall. Sur la route, nous avons la chance de croiser un ours. Oui, un ours sauvage en chair et en os qui se balade juste à côté des voitures. Pas dingue ça !!!! Même si le moment a duré à peine une minute, on est trop contents.
Arrivés au parking de la Yosemite Fall, deux options s’offrent à nous. Nous choisissons l’option 1 à savoir un rapide chemin plat qui nous mène jusqu’à la vue en contrebas de l’incroyable cascade (la lower fall). Simon lorgne en bavant sur l’option 2 : une randonnée sportive menant au point de vue surplombant la cascade (la upper fall). 600 mètres de dénivelé en 2 km. Bref, ça grimpe fort. On lui dit qu’il peut y aller s’il veut mais que nous on restera en bas. Un pour tous mais chacun pour soi sur ce coup-là. Un peu dépité par notre flemmardise, il lâche l’affaire.
On termine la journée par un stop mythique pour le monde de la grimpe : nous allons au pied d’El Capitan, la falaise de granite de 1000 mètres comportant de grandes voies d’escalade légendaires. Rendue populaire par l’intermédiaire du film « Free Solo », l’ascension sans système de sécurité de Alex Honnold (non mais, faut quand même être un peu frapadingue !), cet immense mur rocheux fait rêver toute la communauté des grimpeurs. On regarde le mur, on touche le mur, on caresse le mur, on embrasse le mur, on prend le mur en photo. Certains tentent quelques mouvements. On essaie aussi de suivre en vain l’ascension de 2 grimpeurs situés là-haut, à une centaine de mètres de nous. C’est fou !!
Le soleil décline doucement, il est l’heure de trouver un endroit où dormir. Nous arrivons à la limite du parc, à El Portal, et nous arrêtons aussitôt sur un petit parking sur le bord de la route, juste à côté de la rivière Merced qui coule en torrent. A une petite demi-heure du cœur du parc, ce sera parfait pour arriver tôt demain au parking de Yosemite.
Jeudi 28 mai 2025
Yosemite – Turlock / Soleil / 23°
Nous avons une chance incroyable avec la météo. Il fait beau et doux. Le seul hic à Yosemite, ce sont les moustiques. Ils sont nombreux à nous tourner autour. C’est assez pénible sur le coup mais ça ne gratte pas trop après. La nuit a été excellente et dès qu’il se réveille (vers 6h30), Simon démarre Gargui. Tout le monde est encore dans son lit mais nous savons que nous devons être très tôt dans le parc si nous voulons trouver une place de parking. Nous nous garons sans problème à 7h15 et pouvons réveiller tranquillement les enfants pour le petit dej.
La première rando de la journée démarre à 8h30 pour tenter de ne pas avoir trop de monde. Finalement, il y a déjà quand même beaucoup de visiteurs et nous sommes loin d’être les seuls à monter dans la navette gratuite qui nous emmène au départ de la balade pour la cascade de Vernal Falls.
La randonnée dure 3 heures avec 300 m de dénivelé. Nous passons dans des paysages incroyables. Une gorge magnifique luxuriante qui nous conduit jusqu’au pied de la cascade. D’ici, nous ressentons déjà les embruns. C’est lorsque nous voyons la très grande majorité des autres touristes revêtir leur cape de pluie que nous constatons que nous sommes passés à côté d’une information importante. En effet, après avoir grimpé quelques centaines de marches, les embruns se font plus forts et nous arrivons sur le surplomb de la cascade complètement trempés. On grelotte mais on est contents. Quelle belle expérience de proximité avec cette puissance de la nature. La cascade est majestueuse. Un arc-en-ciel se forme, le moment devient magique. Il se pourrait que ce soit la plus impressionnante cascade que l’on ait vue de notre vie. Adam tombe sous le charme et nous dira un peu plus tard que Yosemite est son parc préféré. Quand on sait que c’est aussi le paradis des grimpeurs, on peut se demander dans quelle mesure il reste objectif.
Nous repartons par une boucle qui nous montre des points de vue spectaculaires sur la vallée. Ici, les mots me manquent. Place aux images (pas folles mais on fait ce qu’on peut avec un Nokia rebelle).
Retour à la voiture pour un petit repas rapide et on repart pour une seconde randonnée beaucoup plus paisible de 8km à plat : la Mirror Lake. La balade est moins spectaculaire mais parfaitement cool pour un début d’après midi. Une fois le lac passé, nous poursuivons la boucle. Là, plus âme qui vive. Nous sommes seuls. Nous voyons une biche et des écureuils par dizaines . Quelques kilomètres plus loin, nous passons une zone détrempée et sommes obligés de nous déchausser et de marcher dans la rivière. C’est froid et vivifiant mais extrêmement douloureux pour nos petits petons confrontés aux cailloux de la rivière. Seul Simon tente coûte que coûte de longer les bords mais fini quand même par mettre les pieds dans l’eau et les chaussures avec.
Fin de journée. Nous savons qu’il s’agit de notre dernière avec Gargui. Nous en profitons au maximum et allons refaire un saut à El Capitan pour prendre une jolie photo en plan large.
Après deux heures de route, nous arrivons au Walmart de Turlock. Nous commençons à refaire nos sacs, délaissés depuis 26 jours mais un agent de sécurité du Walmart vient nous indiquer que nous ne pouvons pas rester là pour la nuit. J’essaie de négocier de mon mieux. Il appelle ses chefs et plaide notre cause mais c’est un non ferme et définitif. Walmart nous abandonne le dernier jour, pas sympa ça. L’agent est désolé pour nous et nous indique un parking quelques mètre plus loin. Il s’agit également d’un parking de zone commerciale et nous ne voulons pas être obligés de bouger de nouveau. Nous partons donc vers notre plan B, une aire d’autoroute à 15 minutes de là. La nuit risque d’être bruyante.
Une fois posés, nous poursuivons le rangement de nos sacs. C’est dur de se motiver. Cette vie de bohème nous plaît bien à tous les 5. Les sacs sont enfin bouclés vers 22h30. Il n’est plus l’heure pour un film. On va tous vite se coucher conscients qu’il s’agit de notre dernière nuit dans notre cher Gargui. Snif !